Le méandre de Guernes

Publié le par club rando

Il y a 22 millions d’années, la mer dépose ses sédiments dans le bassin parisien. La surrection des Alpes entraîne son émersion. Des matériaux détritiques commencent à le recouvrir. La Seine coule sur ces dépôts ainsi que la Loire, son affluent, qui la rejoint en amont de Paris. Puis le soulèvement continu du bassin à l’est sépare les deux vallées. Les fleuves s’enfoncent progressivement et la Seine construit ses méandres. Celui de Guernes (78), en aval de Mantes, naît par l’abondance de phases alluviales dûes à des alternances climatiques. Il est aujourd’hui d’une richesse exceptionnelle aussi bien pour sa construction géologique que pour les entreprises d’extraction de granulats qui l’exploitent. La découverte de ce site est le projet de la balade du jour. Sa préparation a été confiée à Fabien. Vraisemblablement elle l’a stimulé. Le spectacle de la nature ne se comprend vraiment qu’en le déclinant au passé. Avant d’aller reconnaître le site, le guide du jour ne connaissait rien du méandre de Guernes. Après l’avoir exploré, s’être documenté, quelque chose l’agitait en dedans. Sûrement, l’envie de le faire découvrir et aimer !

Le méandre de Guernes

Le circuit qu’il propose s’inscrit dans trois unités paysagères distinctes. D’abord une ceinture boisée qui s’avance à partir du village de Saint-Martin-la-Garenne. Lui succède une bande agricole céréalière en milieu ouvert qui s’étend entre les localités de Guernes et Sandrancourt. Certaines parcelles n’y auront qu’une vie provisoire, car elles sont louées pour usage éphémère à la compagnie d’exploitation des gravières qui en détient la concession. Enfin, au fond de la boucle, un large espace naturel d’anciennes carrières réhabilitées en plan d’eau et en réserve régionale. Elle débute près du lieu-dit de Flicourt où un programme de reboisement et de mise en eaux d’anciennes ballastières a donné naissance à un site d’observation ornithologique. La petite mer intérieure qui lui succède plus au nord est le joyau de ce réaménagement. Nichée dans un écrin de verdure, avec un accès à la Seine voisine, elle abrite le port de plaisance de l’Ilon qui offre plusieurs centaines d’anneaux sur un bassin protégé des remous.

Le méandre de Guernes

Pour le moment cet espace aquatique est un bel endormi bien que beaucoup de projets existent pour le dynamiser. Quelques rares bateaux restent sagement alanguis sur les pontons. Quelle chance pour l’amateur de nature et d’espace paisible ! Seuls quelques canards tiennent les rives et leurs vols projettent des taches grisâtres sur un fond aux teintes bleues, vertes et parfois turquoise.

Le méandre de Guernes

Libérés de l’inquiétude des traîtrises d’un parcours annoncé sans embuches, les vingt-six randonneurs s’enfoncent dans le bois de la Garenne. Le soleil du matin promet déjà l’opulence d’une journée estivale, d’une évasion en droite ligne vers la chaleur. Pas besoin d’évoquer la menace des saints de glace qui n’ont pas encore pointé le bout de leur nez. Francis informe que, sans doute inspirée par l’air réchauffé du temps, l’Eglise a même décidé de réformer les trois saints d’origine, terreurs des jardiniers. Elle les a remplacés par trois nouveaux, beaucoup plus politiquement sensibles aux révélations du changement climatique.

Le méandre de Guernes

La plaine répond au sous-bois. Un petit coulis de vent frais allège la progression. Le paysage est sage, avenant, mais s’évertue à cacher la Seine dont on devine au loin le contour. A l’approche du village de Guernes, le chemin serpente entre des prairies et des vergers couverts de cerisiers en fleurs. C’est appréciable, ne serait-ce que pour éviter la monotonie d’une déambulation trop rectiligne. La courbe fait partie du plaisir de la marche. Souvent les détours sont utiles et permettent de mieux apprécier les lieux. Le chemin le plus droit est rarement le meilleur.

Le méandre de Guernes

Juste en face de Rolleboise et son château de la Corniche, le site de Flicourt est dédié aux oiseaux. Ce domaine est ponctué d’observatoires munis de panneaux pédagogiques qui permettent de suivre les oiseaux en toute discrétion.

Le méandre de Guernes

L’ancienne carrière a été replantée en prairies et landes qui entourent une aire lacustre. Les hérons, canards, foulques, aigrettes et autres limicoles viennent y chercher des prestations de luxe dans un espace de grande liberté. Ici ce sont les humains que l’on met en cages ou plutôt que l’on range en boites, dans ces petits postes d’observation. Mais aujourd’hui les pensionnaires habituels sont cabotins. Ils détestent intervenir à la demande et estiment avoir «d’autres vers à croquer» que de faire le beau devant le groupe. En réalité l’horaire est trop tardif car les oiseaux sont surtout actifs en matinée, principalement pour se nourrir et défendre leur place.

Le méandre de Guernes

Sur la rive concave du méandre de Guernes, parallèle au cours de la Seine, le bassin de l’Ilon offre sous les rayons ardents du soleil le plus somptueux des chemins d’eau que l’on puisse trouver. Le nom de l’Ilon est à lui seul une promesse d’isolement. Un sentier d’approche vient d’être réaménagé récemment. Il se partage entre marcheurs, cyclistes et cavaliers.

Le méandre de Guernes

Vers l’aval une petite île centrale divise le plan. Elle abrite une sorte de forêt engloutie qui lui donne un caractère mystérieux. Avant d’atteindre Sandrancourt, on s’attarde sur la rive. C’est dur de s’arracher à cette nouvelle atmosphère estivale. Il est bien agréable d’avoir envie d'un coin d’ombre !

Le méandre de Guernes

Guy n’est pas venu seul, Marie a accompagné son grand-père. A 13 ans, c’est déjà une adolescente mûre, structurée. Sa présence est rafraîchissante. Mais le plus curieux et intéressant, c’est qu’elle n’ait pas été rebutée par la différence intergénérationnelle, qu’elle ait accepté la distance avec ce rassemblement de «tempes grisonnantes».

Le méandre de Guernes

Le groupe apprécie. Chaque génération s’adopte bien vite, avec facilité et plaisir de l’échange. Son grand-père la laisse marcher en avant, bien détachée de lui. Il la regarde de loin, mais sûrement avec tendresse et fierté. Il lui laisse découvrir et explorer ce monde où elle finira bien vite par s’évader.

Le méandre de Guernes

Vendredi 6 mai : Saint-Martin-la-Garenne(78520), bois de Guérennes, les Garennes, la plaine des Vieux Louviers, Guernes, le chemin du barrage, le site de Flicourt, les Roussettes, la rive ouest du plan d’eau de l’Ilon, le chemin sous la ville, Sandrancourt, retour à Saint-Martin par le chemin de Vetheuil.

Le Parcours

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