Sous les sunlights des tropiques

Publié le par club rando

 

Fasciné comme l’ensemble de ses trente petits camarades par le spectacle de la mer, Christian supporte mal la vue d’une nature souillée. Sur la grève de Port Picain, il ramasse un papier qui traîne. Tout en sachant la portée de ce geste plus symbolique qu’efficace, il voudrait que rien ne vienne trahir la pureté de la crique, que tout soit fait pour qu’on la respecte. Difficile de ne pas le comprendre devant la vision qui s’offre à ses yeux !  

Sous les sunlights des tropiques

Le sentier des douaniers qui précède l’arrivée à Cancale ne déparerait pas au concours du plus beau kilomètre de France. C’est la plus jolie rampe d’accès à la ville. Il suit une côte dentelée et escarpée, reçoit de face les rayons du soleil, se rafraîchit aussitôt à l’ombre puissante de pins maritimes et louche partout sur les eaux aguichantes de l’Océan qui bat en contrebas. Après un belvédère qui courtise l’îlot proche des Rimains, une inclinaison vers le sud ouvre la baie du Mont Saint-Michel. Trône au fond la silhouette du rocher sacré, plutôt diaphane, un peu évaporée, comme si le mont cherchait à cacher sa part normande. Protégées de la houle, les premières maisons annoncent la ville que l’on va découvrir en prime.

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Cancale se dispute entre partie haute et basse. La première, bourgeoise et resserrée autour de son église au clocher carré, diffère de la seconde, longue rue commerciale entièrement dévolue aux plaisirs de la table. Un escalier entre maisonnettes à fenêtres voilées de petits rideaux dégringole de l’une à l’autre. Il laisse entrevoir çà et là une statue de la vierge dans un recoin de façade ou un petit potager feuillu au fond d’une impasse. On regrette presque de n’avoir pas chipé à l’hôtel un bout de pain et le petit carré de beurre salé du petit déjeuner tant dans la ville basse l’humanité présente ne vit qu’autour de l’huître. Avant le port de la Houle, les premiers tracteurs ostréicoles entament leur va-et-vient sur la vase des bassins d’affinage.

Sous les sunlights des tropiques

La plage qui longe la zone est recouverte de coquilles. Au pied de l’ancien phare des Crolles s’agglutinent des clients qui dégustent des huîtres tout juste récoltées. On ne sait pas très bien quand est née cette pratique de les manger sur place. La marée montante remportera les débris vers le large. Des goélands finiront les restes en maraudant dans la laisse de mer. Les marcheurs se montrent d’une étonnante sagesse en résistant à l’appel de la gourmandise. Leur mérite n’est que très relatif puisqu’ils reviendront sur place le lendemain pour y consacrer l’ultime déjeuner. Au gré d’une pause, le groupe s’est installé dos à la ville en continuant d’observer le ballet des tracteurs.

Sous les sunlights des tropiques

Vers l’est, la côte assagie et galonnée de vert fuit entre la mer et les polders. On  la laissera filer, on est venu pour le granit, pas pour la plaine. Un message apprend que la France continue de cuire sous l’effet d’une forte poussée du thermomètre. Chacun savoure sa chance d’être miraculeusement protégé des ardeurs du soleil et de profiter de la fraîcheur de l’air. Ici, il n y a que les crêpes qui flambent dans les assiettes.

Sous les sunlights des tropiques

L’orage de la nuit avait déjà opéré son miracle. Chacun s’est réveillé, émoustillé par la prévision d’une journée annoncée sans pluie, si ce n’est mieux. Au départ de l’Anse-du-Verger, une pancarte annonce avec fierté l’appartenance à la Côte d’Emeraude. La Pointe-du-Grouin, ultime excroissance orientale, en est le joyau. Le chemin y divague entre des blocs diaclasés et des fougères vivaces qui s’agrippent jusqu’au-dessus du vide. Il se cogne souvent à l’océan, histoire de prendre sa pincée d’iode. Malgré la vigueur de la pente, on décide de faire des raids sur des promontoires pour regarder au plus loin.

Sous les sunlights des tropiques

La mer n’en fait pas trop. Un vent léger la caresse et elle se contente d’ourler d’écume des rochers en avant-garde. Le soleil, timide jusqu’alors, se veut plus actif. Le littoral s’irise doucement par les reflets bleus du ciel et de la mer mêlés.  

Sous les sunlights des tropiques

En passant du turquoise à l’aigue-marine, du cobalt au céleste, cette palette de couleurs tricote de jolis dégradés bleutés aux faux airs de lagons des mers du sud. Dans ces longes marines, tous ces assauts colorés donnent au site une atmosphère caribéenne. A force d’admirer, on s’imagine un instant dans la peau d’un "voileux" mouillant «sous les sunlights des tropiques».

Sous les sunlights des tropiques

 En fait, le ciel et mer n’ont rien à faire dans l’histoire. La magie des couleurs n’est que l’effet de la pénétration de la lumière dans l’eau, les rayons du soleil diffusant un spectre de différentes teintes qui au fur et à mesure de sa progression ne retient que la dernière, le bleu.

 

Sous les sunlights des tropiques

La petite plage du Verger a tout d’une  grande : bel espace ensablé, coincé entre deux dunes herbeuses et accessible par un escalier en bois. Terme de la balade, elle offre aux (rares) intrépides le réconfort de la baignade. Qu’on y vienne de la région parisienne, du pied du Ventoux, de l’étang du Ter ou des bords de la rivière Charles, chacun se repose voluptueusement dans son espace accueillant. Elle sent déjà les vacances, le début en douceur de l’été.

Sous les sunlights des tropiques

Attirés par la côte, les touristes sont peu nombreux à venir se perdre dans les terres voisines.  Pour les randonneurs, c’est au contraire l’occasion de faire monter le plaisir. En préambule de sa venue à Cancale, le groupe avait tenu à s’offrir un bol de bocage et de culture par l’étape de Combourg. A dix lieues de la mer, cette petite localité a façonné la jeunesse de François-René de Chateaubriand. Il arriva au château que venait d’acquérir son père à l’âge de 8 ans et connut ici les premières manifestations de son «spleen» romantique. D’emblée, les quatre tours castrales à poivrière qui se dressent à ses angles attirent irrésistiblement le regard.

Sous les sunlights des tropiques

La trop courte balade en ville aurait mérité la visite du domaine. Mais que sait-on vraiment de Chateaubriand ?  Plus grand-chose. On devient simplement respectueux des écrivains du passé depuis qu’on a cessé de les lire. A Combourg, André, désigné par ses pairs, a pour mission de rafraîchir les mémoires. L’orateur aborde l’exercice par l’analyse de cette période de jeunesse. «Le temps que Chateaubriand perdit à rêver sa vie lui permit plus tard de la brûler !» II faut avouer que la complexité d’une telle personnalité impose de réduire sa chronologie. En dire trop serait peut-être aussi irrespectueux, il est bon de laisser les morts dormir tranquille !

Sous les sunlights des tropiques

Tout séjour comporte sa plage de salut. Quitter la Côte d’Emeraude sans avoir affronté crachin, brouillard ou averse aurait été une faute de goût, une chose qui ne se fait pas quand on se veut bien élevé. Il suffisait d’attendre. Le dernier matin, des nuages apparus dans la nuit sont venus fêter le retour à l’authentique. Ils bouchent le ciel et noient l’horizon. Au départ du sentier de la Pointe du Nid s’entend le fracas des vagues s’écrasant sur la falaise. Un vent violent pousse des grains chargés d’humidité à investir la place. La troupe part sous les premières gouttes, elle revient sous les dernières. Alors, le ciel s’ouvre largement. Les ajoncs mouillés de la dune se mettent à luire sous la lumière retrouvée. C’est connu, en Bretagne, il fait beau plusieurs fois par jour

Sous les sunlights des tropiques

Le Programme

Prestations du séjour assurées par l’hôtel Alghôtel à Cancale 35260

Mardi 17 Mai  Visite du centre-ville de Combourg 35270. Transfert vers Cancale

Mercredi 18 Mai  Circuit de la Pointe du Grouin par l’Anse du Vergert et Port Picain.

Jeudi 19 Mai   Circuit côtier de Cancale à partir de l’hôtel

Vendredi 20 Mai   Circuit de la Pointe du Nid par l’Anse du Verger. Dislocation

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