201004 Peindre n'est pas toujours dépeindre

Publié le par club rando

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Certaines personnes ont la conviction que l'histoire ou l'art ne sont pas une succession rébarbative de dates, évènements ou manifestations mais plutôt un continuum d'aventures passionnantes. Alain Benard, qui nous accueille en cette journée radieuse d'avril, est homme de cette trempe. Président d'une association spécialisée dans l'art rupestre, il nous offre son savoir pour explorer les abris ornés mésolithiques (- 8 000 jc) du massif forestier des Trois Pignons à coté de Milly.

 

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On qualifie d'art rupestre toutes les expressions (dessins, gravures, griffures) trouvées sur des supports rocheux et réalisées par des civilisations du passé. Le terme d'art peut paraître impropre car ces manifestations ne sont pas toujours comparables aux objets ou représentations graphiques telles qu'on les entend dans l'esthétique habituel. Les figures que nous allons découvrir aujourd'hui n'étaient pas faites pour transcrire le beau ou le réel mais pour exprimer un type de relations au monde.

Prêts à plonger dans l'histoire

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Leurs auteurs tenaient à marquer leur territoire par des signes ou des expressions venus de leurs imaginaires, souvent pour sacrifier au rituel ou peut être à l'initiatique.

Car de tous temps, et déjà au mésolithique, l'art abstrait a suivi le figuratif puisque pour l'homme " écrire n'est pas toujours décrire et peindre est différent de dépeindre "

Rien de mieux pour comprendre cet art abstrait que de le sentir in situ :

Notre guide nous prévient : Nous verrons des expressions essentiellement schématiques et géométriques, constituées en majorité de quadrillages ou de griffures symétriques, et très peu de figuratif.

A sa suite, il est nécessaire pour les admirer, de disparaître sous les blocs de rochers qui les cachent et les préservent depuis des millénaires.

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 C'est une formidable émotion qui nous étreint lorqu'on glisse, un par un, nos corps dans les traces mêmes ou s'exprimaient ces artistes. L'obscurité ou la pénombre exalte tous nos autres sens et excite particulièrement notre imaginaire. Couchés à leur place, devant leurs oeuvres qui ont résisté au temps, nous essayons de recevoir et comprendre le message de leur langage visuel.

Mais après le passé, retrouvons le présent. A la suite d'une halte champêtre à la Ferme du Coquibus nous entamons notre circuit dans le paysage spécifique de ce massif bellifontain. Dans cette région, il y a plus de 35 millions d'années, une mer chaude a laissé en dépôt des sables recouverts d'une dalle de grès fracturée ensuite par l'érosion.

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En de nombreux endroits la dalle s'est disloquée en créant un paysage de blocs entremêlés.

Sur les platières (plateaux) sommitales, au gré des pluies hivernales, apparaissent des mares temporaires qui s'étendent sur les petites cavités d'affleurement gréseux. Aujourd'hui nous n'y croisons aucun batracien.

Les platières se terminent souvent sur des abrupts qui embrassent l'horizon. Face au vent, face au vide, on se retient de ne pas tendre les bras pour prendre son envol et surveiller de plus haut tout ce chamboulement.

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Alors on se contente de poursuivre le sentier où nos pas s'enfoncent dans une alternance de sables gris et de sables blancs. Les pins massifs, surchargés de pignes, font la haie, encadrés de bouleaux élégants dans leurs costumes blancs.

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Ils toisent quelques chênes tout rambougris et desséchés dont le sort est déjà scellé en une coupe réglée.

La derniere descente s'amorce, le ciel encore plus lumineux, mais la fin de la balade est proche

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C'est le moment propice aux réflexions, aux questionnements sur tout ce que nous avons vu et ressenti. L'apparition de l'art n'est-t-elle pas liée aux interrogations de l'homme sur son destin ?

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