1918, les combats de la victoire

Publié par club rando

LES OFFENSIVES ALLEMANDES DE JUILLET 1918

                                ------------------------

                     Nous sommes en janvier 1918, la première guerre mondiale dure depuis près de trois ans et demi !! Elle a déjà causé la mort de plusieurs centaines de milliers de morts chez les Français, les Britanniques et les Allemands (sans parler des quantités considérables de blessés/mutilés). Le front est toujours profondément positionné en France.

Les combats se sont arrêtés à l’Est (accord entre les Bolcheviques de LENINE et TROTSKI et le gouvernement allemand). 700 000 hommes sont donc envoyés sur le front occidental. La France manque cruellement de soldats malgré l’apport important des colonies et la conscription hâtive (les bleuets). Les Américains , malgré une arrivée massive et continue de troupes, ne seront opérationnels qu’en juillet 1918…

Qui les sont les décideurs militaires ? Du côté allemand, les vainqueurs de la Russie : Von HINDENBOURG et son adjoint, le quartier-maître général LUDENDORFF. Du côté des alliés : le commandant en chef  des Alliés : Ferdinand FOCH (depuis le 27 mars), fougueux, partisan de l’attaque à outrance, l’anglais DOUGLAS HAIG, l’américain PERSHING et le français Philippe PETAIN, réputé attentiste et prudent. FOCH et PETAIN ne s’entendent pas (pour preuve des GQG séparés : BOMBON et PROVINS).

Philippe PETAIN

Philippe PETAIN

Quelles sont les forces en présence? Du côté allemand, 5 armées dirigées par le Prince Impérial : de la Meuse à la Somme, Von GALLITZ, Von EINEM, F. Von BELOW puis Von MUDRA, Von BOHM and Von HUTIER. Plus à l’Ouest (jusqu’à la Flandre), 4 armées dirigées par le Prince Ruprecht de Bavière :  Von der MARMITZ, O. Von BELOW, Von QUEST et Von ARNIM. Face au Prince Impérial, les Français ont 7 armées dirigées par GOURAUD, BERTHELOT, de MITRY, DEGOUTTE, MANGIN et HUMBERT. Face au Prince héritier de Bavière, se positionnent 4 armées britanniques : RAWLINSON, GOUGH, BYNG, HORNE et une armée mixte britannique et belge (région de DUNKERQUE).

Au 21 mars 1918, le front se situe au Nord d’ARRAS, à CAMBRAI, à l’Est de PERONNE, au Nord de SOISSONS et au Nord-Est de REIMS.

Mais, le 21 mars, les Allemands ont attaqué en Picardie, espérant écraser les forces britanniques réputées moins résistantes (création de la poche de MONDIDIER). Ils attaquent le 9 avril (mont Kemmel), c’est un échec mais ils récidivent le 14 avril, avançant près de BETHUNE (poche créée). Le 27 mai, ils attaquent dans la zone SOISSONS/REIMS (cette dernière n’est pas prise), prennent CHATEAU-THIERRY et menace donc PARIS comme en 1914 !! Enfin, le 9 juin, c’est l’offensive sur le MATZ (sud de MONDIDIER). Ils créent une petite poche au Nord de COMPIEGNE. Les Français protègent la forêt de VILLERS-COTTERETS et les monts de Champagne….

Début juillet 1918, les alliés, grâce à leurs services de renseignements (plans trouvés dans la serviette d’un officier tué) et aux déserteurs alsaciens-lorrains, sont persuadés qu’une grande offensive allemande se prépare, la situation politique dans le Reich se détériorant sensiblement (action des bolcheviques dans la classe ouvrière et dans l’armée, excès d’autoritarisme du Kaiser GUILLAUME II, situation économique fortement dégradée…). Dans ce cadre, le jour du 14 juillet : fête nationale française, est pesant. Dans la nuit, les Français déclenche un très gros tir de barrage pour détruire l’artillerie allemande; grande surprise des Allemands mais réplique immédiate de ceux-ci à partir de minuit 10 sur CHALONS en Champagne (utilisation des deux côtés des obus à gaz et des gros calibres, ex: 380). Dans la nuit, les Allemands construisent 8 ponts sur la Marne (secteur de DORMANS). Cette bourgade est rasée par l’artillerie allemande. Les Français subissent de très fortes pertes et il y a des débuts de débandade… La Marne est franchie par les Allemands

1918, les combats de la victoire

Selon les consignes de PETAIN, les Français abandonnent leur première ligne peu fournie en fantassins et peu fortifiée et se replient sur une seconde ligne mieux organisée. Les combats sont terribles à FOSSOY et MOULIN-RUINE. Mais, au soir du 15 juillet, LUDENDORFF est peu satisfait car si la Marne a été franchie, globalement, les Français ont bien résisté, aidés par les Américains du 38ème corps (CREZANCY n’est pas prise). L’Empereur est furieux et fait limoger Von BELOW, remplacé par Von MUDRA. Von BOEHM a une tête de pont au sud de la Marne (CONDE en Brie), il donne l’assaut vers EPERNAY en contournant la montagne de REIMS. La vallée de l’ARDRE est tenue par un corps italien piémontais qui apparaît comme assez faible et se trouve assez vite en pleine retraite… Les Français ripostent par de très violents tirs d’artillerie et un appui important de l’aviation. Italiens (corps lombard) et Français résistent comme ils peuvent pour empêcher les Allemands de tendre leurs pince vers EPERNAY et tenir ainsi l’ouest de REIMS. Une autre pince attaque vers l’Est de REIMS, ainsi prise au piège… Cette ville est pratiquement vidée de sa population civile. La 3ème division italienne se bat à VRIGNY, épaulée par les troupes coloniales d’élite des Français : tirailleurs sénégalais, zouaves et infanterie de marine.

Tirailleurs sénégalais

Tirailleurs sénégalais

Von WICHURA est devant DORMANS avec 8 divisions d’assaut et une forte artillerie. Il crée une tête de pont de JAULGONNE à OEUILLY. En face, les Français résistent avec la 6eme armée de DEBENEY et 2 divisions américaines. GOURAUD a stabilisé son front sur la seconde ligne (construction de 4 lignes successives sur 10Km de profondeur).

Au 17 juillet au soir, après trois jours de terribles combats, les Allemands sont bloqués; leur progression ayant été limitée après de très lourdes pertes des deux côtés. 

Le 18 juillet, FOCH lance la contre-offensive française !! Dans la forêt royale de VILLERS-COTTERETS, 500 chars ont été regroupés (Général ESTIENNE), des RENAULT FT 17, des SCHNEIDER et des SAINT-CHAMOND. La Xème armée du Général MANGIN avec près de 200 000 hommes est aussi massée dans ce secteur (dont 4 divisions dans la forêt). Les chars avancent en écrasant les barbelés et détruisant les nids de mitrailleuses, suivis par les fantassins. L’attaque s’effectue sur LONGPONT et VILLERS-HELON avec la 48ème division coloniale :  tirailleurs nord-africains et Légion Etrangère, adossée à 2 divisions américaines… La percée est vite bloquée à OULCHY LE CHATEAU et FERE EN TARDENOIS. Cependant, les Allemands ont été surpris par la contre-attaque française et se replient sur la Marne jusqu’en Champagne. PETAIN veut reprendre SOISSONS… Au soir du 18 juillet, les Américains sont bloqués ainsi que les coloniaux (zouaves et infanterie de marine); les Nord-africains sont en pièces et la Légion Etrangère est décimée. 80% des chars ont été détruits… Mais, globalement, les armées MANGIN et DEGOUTTE ont progressé.

Le 19 juillet, les Allemands reculent, REIMS est complètement dégagée (tirailleurs sénégalais). DEGOUTTE pousse sur CHATEAU-THIERRY; MANGIN et ESTIENNE installent leur PC dans la forêt de VILLERS-COTTERETS.

Qui connait THIERRY IV, roi Mérovingien ? Sous l’impulsion de CHARLES MARTEL, il a donné son nom à la première forteresse de CHATEAU-THIERRY, fondée en 718 !! Cette ville (la plus occidentale du Comté de Champagne) couvrait, au Moyen-Age, la route de PARIS. Dans la nuit du 20 au 21 juillet, deux régiments régionaux (Troyes et Fontainebleau) attaquent la colline dominant la ville (la cote 204) : surprise, les Allemands partis !! A partir de cette période, les Alliés vont mener des attaques continues jusqu’au 11 novembre, progressant très sensiblement en France et en Belgique.

1918, les combats de la victoire

A posteriori, la position de PETAIN était la bonne : reculer sous l’attaque en abandonnant la première ligne faible en hommes mais forte en artillerie et s’appuyer sur une deuxième ligne puissante avec fortifications.

Durant cette bataille de juillet 1918, de nombreux villages champenois ont été détruits, ils ne seront jamais reconstruits !! Les pertes des deux côtés auront été très fortes (en particulier les Allemands avec de très nombreux conscrits de dix-huit ans).

Jean-Claude C.

                                                                                                  (D’après les ouvrages de Pierre MIQUEL)

                                                                                                                          Novembre 2024

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :