Des jonquilles aux derniers lilas

Publié le par club rando

Pas besoin de pancarte indicatrice, dès les premiers kilomètres qui prolongent  la sortie de l’autoroute, on comprend facilement que l’on vient d’entrer dans le Perche. Le paysage a changé presque d’un coup. A l’extrémité occidentale du bassin parisien, un moutonnement de collines est venu remplacer l’ennuyeuse monotonie des grands espaces. Avant de se fixer sur la ligne lointaine de l’horizon, l’œil détaille les bois, les haies vives et les prairies qui enlacent le flanc des coteaux. Il repère bien vite la diversité des troupeaux de vaches, des charolaises, des blondes d’aquitaine, des hâlées qui hésitent entre le brun et le noir et des blanches piquetées de grosses taches de rousseur dont on ne sait dire le nom. D’après les fins connaisseurs, le triangle d’or du Perche se situerait ente Nogent-le-Rotrou, Bellême et Mortagne. C’est sans doute pour ne pas les froisser qu’on a choisi de ne pas aller ailleurs

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La grande forêt domaniale qui s’étend entre les communes de La Perrière et Bellême impose sa puissance. Immédiatement, elle incite à la visite les vingt participants du séjour. En cette mi-temps du joli mois de mai, les feuilles nouvelles ne sont pas encore toutes arrivées mais au pied des allées rectilignes les jeunes fougères affirment déjà leur vivacité. Grâce à la numérotation des parcelles, on se repère aisément comme dans toute forêt bien tenue.

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Ce qui surprend le plus est que le vacarme du groupe n’intimide pas les oiseaux. Le roucoulement des tourterelles, les trilles des mésanges continuent comme si de rien n’était.  La lumière crue de l’après-midi affirme sa présence. Elle transperce les frondaisons et file tout droit éclairer le fût rectiligne d’un chêne de près de quatre cents ans. Son écorce rugueuse, striée comme une peau d’éléphant, adore pourtant la caresse. Les mains des marcheurs qui vont l’entourer traduisent le trouble ressenti au toucher de ce respectable ancêtre.

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Le village de La Perrière est à l’origine d’un processus de renaissance rurale. Attirée par la préservation d’un savoir-faire local sur la dentelle, la styliste Chantal Thomass généra un effet médiatique valorisant d’abord ce village mais aussi la région. Il se manifesta par la reprise de vieux bâtis transformés en coquettes résidences secondaires ainsi que par l’émergence d’un noyau d’activités culturelles et artisanales.

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C’est en déambulant dans le haut du village que s’aperçoit le mieux cette récente mutation. Les maisons ont rajeuni et embelli en changeant de propriétaires. Pour certaines, leur présence, constante ou hebdomadaire, est la preuve tangible  d’un attachement durable. Le décor naturel, lui, n’a pas changé. Les routes n’ont pas été élargies, les ronds-points n’ont pas fleuri. Le relief est resté immuable. Cela serpente de partout, ça monte et ça descend sur des routes et chemins encadrés de haies naturelles. Ces indispensables niches écologiques font autant l’abri des oiseaux que le bonheur des randonneurs de passage.

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Le gîte de Bellême, entre belle ruelle pavée et jardin intérieur, rappelle les demeures cossues de notables que savait si bien décrire Maupassant. Dans ses grandes pièces bourgeoises, le groupe y logera sans ostentation, assuré cependant que l’épaisseur des murs saura protéger l’intimité des rêves. Sur une ancienne butte médiévale, la "Bellesima" (étymologie de Bellême) surplombe d’un côté la forêt ancestrale et de l’autre un glacis qui s’évase vers la campagne. En semaine, la cité sort peu de sa torpeur. Pourtant son héritage architectural, largement méconnu, surprend par son ampleur. Passé le porche du XV° siècle, le centre historique, dit "la ville close" dévoile des demeures élégantes. Les puissants de l’ancien régime y avaient construit beau et grand. Beaucoup des anciens hôtels particuliers de la noblesse d’autrefois ont été reconvertis en maisons d’hôtes. Dans des échoppes plus restreintes, quelques antiquaires et brocanteurs tentent de redonner de la valeur à des meubles et objets d’antan. On n’ose pas toujours entrer, gêné de fureter en sachant ne vouloir rien acheter. Par les fenêtres, s’aperçoivent le clocher de l’église de Bellême et, au loin, dans le soleil couchant le contour indécis de sa forêt.

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Sur son coteau qui domine la mosaïque des champs, des prés et des bois, le prieuré de Sainte-Gauburge paraît un peu perdu. La lumière blonde du matin illumine le bocage des plus belles nuances de vert. C’est ce décor particulier qui a été choisi comme support de la seconde balade. 

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Après une petite bosse, Christian a tiré de son sac quelques amandes. Cette courte halte lui permet de mieux profiter du paysage qui lui rappelle celui de sa jeunesse sarthoise, bien restée présente dans un petit coin de sa mémoire. Avec l’agréable sensation de contempler les contours du présent  en retrouvant les fragments de l’enfance. Attention à ne prendre cependant trop de retard car il faut s’enfoncer ensuite sous une voûte de chemins creux. Ils réservent des embuches. De temps à autre, le sol se transforme en ligne de ruissellement des eaux  qu’il convient  de traverser avec la plus grande souplesse.

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Vers la fin de la matinée, l’air s’est un peu réchauffé. Le bois de Gemages offre un cadeau inespéré. Le passage aléatoire marqué sur la carte existe toujours. Il est même libre d’accès. L’interdit redouté devient opportunité inattendue. L’épisode forestier débouche sur un dolmen, dit de "la pierre procureuse". Une légende affirme que sa dalle frontale se soulève, laissant entrevoir un trésor,  mais retombe sur qui veut s’en saisir. On se contente prudemment de tourner autour en frôlant de la main la pierre rugueuse, juste pour exorciser tous ces lointains mystères.

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Le Perche est aussi le pays des manoirs. Ils affichent souvent une belle touche renaissance ou prennent parfois l’allure de petits châteaux forts. Les raisons de les admirer ne manquent pas mais on se méfie un peu de l’excès de décor qui empâte bien souvent la ligne architecturale.

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On en vient à leur préférer de jolies maisonnettes élégamment restaurées, uniquement protégées par une rangée d’iris mauves. Volets tirés dans des hameaux perdus, elles gardent de la distance,  comme si elles avaient été conçues uniquement pour la discrétion et le repli. Le groupe se permet de les longer de près pour happer un peu de leur intimité. On imagine la quiétude des gens qui y vivent et on les jalouse secrètement de pouvoir cueillir au fond du jardin les premières jonquilles et les derniers lilas.

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Le Relais d’Horbe à La Perrière ne ressemble ni à une cantine ni à un trois-étoiles, mais il sent bon la tradition.  On y fêtera le vendredi soir l’anniversaire de Françoise. Incité par son truculent cuisinier, le groupe avoue sa faiblesse pour de belles côtes de bœuf cuites à la cheminée. Ce plat particulièrement "disruptif" pour l’époque et pas vraiment "super-vegan" a fait cependant l’unanimité. Quel plaisir de retrouver le terroir et d’oublier l’espace d’une soirée les angoisses du réchauffement climatique et de la disparition des espèces ! La côte de bœuf est une alliée sincère. Elle rassemble, elle réchauffe,  elle réconforte. La cuisine déstructurée du post-modernisme n’a d’ailleurs pas eu sa peau. Le repas, un peu à l’image de l’esprit de la rando, sera nappé de moutarde à l’ancienne et de sauce au roquefort.

Des jonquilles aux derniers lilas

Le Séjour

Les Prestations

Ont été assurées par le gîte communal de Bellême, le restaurant La Paix à Bellême, le Relais  d’Horbe à La Perrière

Les Parcours

Jeudi 16 Mai

La Perrière 61360, château de Montimer, forêt de Bellême, l’hôtel au franc, les fourreaux, le chêne de l’école, chemin du champu, passerelle de montperthuis, La Perrière

Vendredi 17 Mai

Sainte-Gauburge 61130, les hauts royaux, la fosse au chat, le sablon, bois de gémages, la pierre procureuse, ripe denier, la rosière, Manoir de l’Angenardière, clemencé, Saint-Cyr-la –Rosière, moulin de la mouchére, Sainte-Gauburge

Samedi 18 Mai

Bellême 61130, circuit de la ville close et des maisons de caractère

 

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M
BRAVO <br /> Vous êtes attendus impatiemment le 27 juin à Oloron Ste. Marie dans le Béarn.
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