Un suicide à l'Elysée

Publié par club rando

Exposé allocutif  présenté le 27 septembre 2019 dans le cadre de la randonnée effectuée à Grosrouvre(78) et relatée dans l’article du blog «Mon copain le chêne, mon alter ego»

Que s’est-il passé à l’Elysée le 7 avril 1994 ?

L’épilogue tragique d’un « amour » datant de 1959 entre le Président de la République en exercice, François Mitterrand, et son conseiller François de Grossouvre.

Le récit de cette « amitié amoureuse », au-delà des intrigues courtisanes, nourrit indéniablement la réflexion sur le pouvoir qui aimante les hommes avant de les broyer.

Le 7 avril 1994, aux alentours de 20 heures, François de Grossouvre se suicide dans son bureau, au cœur du Palais de l’Elysée, à deux pas de François Mitterrand dont il a été l’un des plus fidèles compagnons de route.

Un suicide à l'Elysée

Grossouvre, aristocrate maurassien, industriel aux multiples réseaux et grand chasseur, n’est plus le séducteur élégant, le financier des campagnes électorales, le compagnon partageant les femmes, les rires et les secrets de François Mitterrand.

C’est un homme amer, un courtisan éconduit, un ami déçu.

Pourquoi ce « ministre de la vie privée » du Président, ce parrain de Mazarine, a-t-il décidé d’en finir ?

Pourquoi voulait-il dénoncer à la presse et à la justice les dérives d’une mitterrandie crépusculaire ?

Le bruit d’un assassinat courut dans ce palais mortifère, quasi déserté à cette heure, où le Président, en fin de mandat, se mourait d’un cancer ; personne ne trouva la moindre preuve.

Très déprimé, parlant de suicide avec ses derniers visiteurs, il avait, deux jours auparavant, emporté à son bureau le révolver « 307 magnum » avec lequel il a mis fin à ses jours. Cette arme lui avait été offerte par le commandant Prouteau, dix ans auparavant, à l’occasion de la fondation du GSPR, le Groupement de Sécurité de la Présidence de la République.

Les gendarmes de la protection présidentielle, ceux qui veillent sur la sécurité du Chef de l’Etat et sur ses secrets, veulent faire évacuer le corps ; il y a quelque chose d’insupportable à le laisser là ; un suicide dans un lieu sacré, c’est une provocation pour le Président.

Son entourage ne souhaite qu’une chose, protéger F.Mitterrand des conséquences de cet acte tragique ; comment gérer la présence d’un mort par arme à feu au cœur de l’Elysée avant l’arrivée de la police, de la justice et bien sûr de la presse ?

F.Mitterrand veut aussi éviter à tout prix l’intrusion des non initiés dans les appartements privés dont dispose la Présidence quai Branly. Dans l’appartement de Grossouvre, il pourrait y avoir des documents et archives confidentielles qu’il menaçait de publier et…Nicole, jeune maîtresse de François de Grossouvre depuis treize ans.

Les hommes de pouvoir ont souvent des engouements parallèles, des mariages officiels et des amours « secrets »…

Grossouvre revenait le week-end auprès de sa famille dans l’Allier ; la semaine, il vivait avec Nicole dans l’appartement de fonction du quai Branly. Treize ans de vie commune, discrète mais non clandestine.

F.Mitterrand a gardé le souci des conventions bourgeoises et du respect des apparences ; on peut mener une double vie, il ne faut pas que ça se sache.

Ce qui l’inquiète surtout ce sont moins les convenances que le fait qu’il dispose lui-même d’un domicile officieux, au 1er étage, sous celui de Grossouvre. Là vivent Anne Pingeot et leur fille Mazarine ; la France ne connaît pas encore leur existence.

Si l’on découvre la maîtresse de son conseiller, on aura vite fait de trouver aussi sa seconde famille. Le temps presse, il faut faire déménager Nicole.

Avant la visite officielle de la Police judiciaire, les gendarmes du GSPR ont fait discrètement le ménage dans l’appartement.

Mais qui était François de Grossouvre ?

Il est né en 1918, soit deux ans plus tard que F.Mitterrand ; son père, Maurice Durand de Grossouvre, avait été directeur de la banque de Salonique puis de la société générale à Beyrouth avant d’être victime d’un gazage à l’ypérite pendant la guerre 14-18 ce qui entraîna sa mort en 1923.

Le « de Grossouvre » est d’acquisition récente ; les ancêtres de François se sont longtemps appelés, le plus banalement du monde, Durand. A Lyon, la majorité des titres de noblesse sont faux, les grandes familles bourgeoises se sont enrichies sous l’ancien régime en rachetant aux enchères les belles propriétés foncières du Beaujolais.

Il tient sa fortune de son mariage avec Claude Berger, héritière d’une grande famille de sucriers, dont il aura six enfants et est proche cousin de la famille Mérieux (laboratoires pharmaceutiques).

Un suicide à l'Elysée

 

La guerre de Grossouvre a été, certes, compliquée mais sur la fin courageuse. Grand lecteur de Maurras et pétainiste jusque fin 1943, il entre alors dans la résistance et participe aux combats du Vercors en janvier 1944. A la libération, malgré son diplôme de médecin, il n’exercera pas ; il reprend ses affaires à Lyon. Bon cavalier, amateur de chasse à courre, il devient un fidèle du cercle de l’étrier. L’été, lorsqu’il se rend en pèlerinage à Lourdes, ce catholique de toujours se transforme en brancardier.

Chaque 21 janvier, il se rend à la messe anniversaire de la mort de Louis XVI. Avant guerre, il appartenait au mouvement royaliste Action Française.

C’est lesté de ce passé compliqué que Grossouvre traverse la bourgeoisie lyonnaise.

Mais cette vie provinciale l’ennuie, il rêve d’être autre chose qu’un notable, il ne se plaît que dans l’excitation du pouvoir. Il est mûr pour succomber à la séduction du diable.

Il y a deux témoins à sa rencontre avec François Mitterrand, Françoise Giroud et Mendès-France. Depuis des années, Françoise Giroud court après l’argent pour financer l’Express, Pierre Mendès-France lui présente Grossouvre qui ne refuse pas, bien au contraire.

En novembre 1959, dans un restaurant des Champs-Elysées, P.Mendès-France organise un repas avec F.Mitterrand qu’il n’apprécie pourtant pas ; il le tient pour un « faiseur » sans morale ni conviction.

Ancien ministre de douze gouvernements de la IVème République,  F.Mitterrand semble très affaibli après l’affaire de l’attentat « bidon » de la rue de l’observatoire à Paris, mais Mendès a suffisamment de cœur pour tendre la main à un homme à terre.

Ce fut le coup de foudre entre Grossouvre et Mitterrand. Françoise Giroud dira de ce dernier :

« Peu d’hommes ont ce pouvoir de plonger d’autres hommes dans une relation qui relève quasiment du rapport amoureux ». Grossouvre est séduit.

Ils ont le même prénom et presque le même âge ; ils peuvent comprendre l’un et l’autre les « méandres » de leur passé presque identique avant et pendant la guerre.

Aux élections présidentielles de 1965, Mitterand, président de la FGDS (Fédération de la Gauche Démocrate et Socialiste), met de Gaulle en ballotage. Grossouvre et René Bousquet (ancien chef de la police de Vichy, organisateur de la rafle du veld’hiv en juillet 1942, amnistié en 1958…) financent la campagne.

Depuis 1965, Grossouvre a la conviction que François Mitterrand peut devenir Président de la République ; il en a la dimension, le talent et le charisme.

En 1974, il figure tout en bas de l’organigramme de campagne : Action sur le terrain, Sécurité, voyages…Son aide financière s’exerce maintenant à une plus grande échelle. Mitterrand rate l’élection d’un cheveu.

En 1981, malgré la présence des jeunes « sabras » socialistes autour de lui, Grossouvre le suit partout comme son ombre ; ses relations avec le monde des affaires sont d’une grande utilité. L’industriel a convaincu bon nombre de patrons de contribuer financièrement à l’ascension du candidat socialiste. Il faut imaginer les deux sexagénaires, Mitterrand, petite taille et démarche déjà alourdie par l’âge avec le regard louche du manipulateur et le sourire charmeur, Grossouvre, superbe et droit dans des costumes bien coupés, élégant comme un anglais se rendant à la chasse, la trivialité masquée par une éducation parfaite.

La Nièvre est le fief électoral de Mitterrand, il en parle en maître, amoureux de ses succès électoraux et féminins, l’œil allumé et la bouche sensuelle. A Paris, sa grande affaire reste la conquête du pouvoir. La Nièvre est son berceau d’élection et son repos du guerrier.

Dès qu’on atteint le Bourbonnais, c’est Grossouvre qui prend le relais.

Ils forment un drôle de couple tous les deux. S’ils peuvent tenir des conversations à faire rougir les jeunes filles, le vouvoiement est de rigueur entre eux, Grossouvre par élégance, Mitterrand répugnant aux grandes marques de familiarité. C’est leur pointe de snobisme.

Le récit tant de fois recommencé de leurs conquêtes reste une joute permanente entre eux.

Lorsqu’on fait halte, c’est pour s’asseoir dans de merveilleuses auberges, devant des vins de Saint-Pourçain et la bonne cuisine paysanne. Grossouvre paie toujours l’addition, il est riche et Mitterrand n’a jamais le moindre sou sur lui. L’usage entre eux s’est installé, Mitterrand ne fait jamais un geste pour régler les déjeuners ou dîners.

 

Un suicide à l'Elysée

 

A Lusigny, près de Moulins, la Trevesse, propriété des Grossouvre, avec ses bois et ses étangs, à 80 km de Château-Chinon, apparaît maintenant comme l’endroit idéal pour se cacher des regards du monde.

Depuis 1962, Mitterrand entretient une liaison avec une jeune femme de la bourgeoisie clermontoise, Anne Pingeot ; mais depuis 1974, ils ont une petite fille adultérine, Mazarine.

Mitterrand, don juan, mais soucieux de préserver les conventions sociales, a imposé depuis longtemps à sa femme Danielle un pacte : chacun conservera sa liberté mais on maintiendra les apparences du mariage. Elle devra se contenter de ce mari à intermittence qui a négligé l’éducation de leurs deux fils mais continue de ravir sa belle-famille, les Gouze, à l’occasion de déjeuners dominicaux, à Cluny.

Les Français, en effet, ne comprendraient pas que celui qui prétend diriger le pays soit divorcé ou mène une double vie. Seuls quelques initiés peuvent savoir ; Grossouvre, avec sa propriété à Lusigny, est devenu un ami incontournable. Comme il adore les enfants, il sera le parrain de Mazarine.

Celle-ci, qui n’a pas été reconnue officiellement par son père, a reçu en donation une maison que F.Mitterrand a fait construire à Gordes dans le Lubéron, maison financée en totalité par Grossouvre. Il est amoureux, c’est évident ; il en manifeste tous les symptomes. Le gentilhomme a trouvé son suzerain. Il l’aime, il le suit, il le recherche.

Il en est de même pour les jeunes « sabras » du Parti Socialiste qui sont aimantés, attirés mais sans aucune familiarité ni tutoiement. Au Parti Socialiste, tous sont camarades, pas lui.

F.Mitterrand a un ascendant particulier sur les êtres, l’art de donner du sel à la moindre chose. Il peut parler de sport comme d’architecture, bien mieux de littérature que d’économie, mais tout l’intéresse. Il a la coquetterie des érudits qui aiment à citer des vers par cœur, la force des acteurs qui prononcent un discours sans jeter un œil à leur texte. Mitterrand s’aime beaucoup. Il connaît sa culture, la séduction de son verbe.

Comme tous les amoureux, Grossouvre a appris à être jaloux. Mitterrand place l’amitié au-dessus de tout mais dans le cercle des amis, François a vite repéré ses concurrents, les anciens des camps de prisonniers comme Roger-Patrice Pelat, les conventionnels des années 60 comme Roland Dumas, Charles Hernu… 

Mitterrand ne se trompe pas sur les qualités de son ami, trop novice en politique, à la fois amateur de secrets, redoutable tacticien mais trop naïf pour être stratège. Après le 10 mai 1981, Grossouvre a pensé devenir le « conseiller spécial » du Président.

 

Un suicide à l'Elysée

Toutes ses exigences sont exaucées, bureau capitonné, voiture avec chauffeur, port d’arme, garde du corps, secrétaires habilitées secret-défense…

Il appartient à ce passé « vieille France » de Mitterrand devant lequel les jeunes loups barbus et chevelus s’inclinent sans trop chercher à gratter. Au-delà de sa prestance vestimentaire, c’est tout son comportement qui intrigue ; il aspire à devenir le « Jacques Foccard » du nouveau pouvoir socialiste et appliquer le vieux proverbe « secret de deux, secret de Dieu ». « secret de trois, secret de tous ». Grossouvre partage les secrets de Mitterrand.

Il n’a cependant pas obtenu tout ce qu’il désirait ; il aurait voulu diriger l’équivalent du « Conseil National de Sécurité » américain qui contrôlerait l’ensemble des services de renseignement. Le Président a décliné l’offre : « François, ce n’est pas à 63 ans que l’on entre dans les services de l’Etat ». Cependant, il reste efficace sur les relations internationales concernant de nombreux pays.

D’où le conseiller tient-il tous ses réseaux ? De sa famille, de son passé d’industriel…Il conserve des liens étroits avec la famille Gemayel, les phalanges chrétiennes et les Druzes au Liban, avec la famille royale au Maroc. Tous les soirs, le Président l’attend pour marcher sur les quais de Seine à ses côtés.

Fin 1981 et début 1982, tout s’accélère. F.Mitterrand apprend qu’il est atteint d’un cancer et une vague d’attentats s’abat sur la France. Grossouvre, conscient de la fragilité du dispositif de sécurité de l’Elysée, propose une reprise en main par le GIGN (Groupement d’Intervention de la Gendarmerie Nationale) et son chef, Christian Prouteau. Ce dernier se voit également confier la protection de la seconde famille, secret d’Etat à l’époque. Le château de Souzy la Briche dans l’Essonne à une heure de Paris sera la nouvelle résidence de week-end tandis que dans la semaine, le 1er étage de l’annexe de l’Elysée, quai Branly, sous l’appartement de Grossouvre, abritera leur vie parisienne.

Grand amateur de chasse à courre, François de Grossouvre devient « Président du comité des chasses présidentielles » à Chambord, Marly et Rambouillet. Ces chasses, de plus en plus prisées, constituent la prolongation de l’action diplomatique ou contribuent à séduire les milieux économiques et politiques. Les chefs d’Etat étrangers, surtout africains, des personnalités internationales, du monde artistique et des affaires s’y côtoient ; le comte de Paris figure souvent parmi les invités.

chasse présidentiele

chasse présidentiele

A partir de 1983, les relations entre les deux hommes deviennent difficiles ; F de Grossouvre se prévaut ouvertement du Président dans ses relations diplomatiques ou mondaines.

Au début, il surprenait. Puis, il a fait sourire. Maintenant, il exaspère. A l’Elysée, on supporte de plus en plus mal ses manières ; il use en toutes circonstances de son amitié avec le Président comme d’un viatique. « Le Président souhaite que…Le Président m’a demandé… ».

Il est devenu incontrôlable.

Lors du mariage de la fille Grossouvre à Lusigny, F.Mitterrand, témoin de la mariée, à sa descente d’hélicoptère, a pris violemment à part son conseiller : « Je vous interdis de parler en mon nom ! Je vous interdis de vous prendre pour moi ! »

Avec Laurent Fabius à Matignon en juillet 1984, la marginalisation s’accélère. Roland Dumas au quai d’Orsay et surtout Pierre Joxe à l’Intérieur ont décidé de le neutraliser.

Sur le plan de l’amitié, Grossouvre se voit concurrencé par Roger-Patrice Pelat, compagnon du stalag de Mitterrand en 1941, ancien ouvrier devenu milliardaire et nouveau mécène du Président.

Un arrêté en juin 1985 met fin à son poste de conseiller ; Mitterrand a accepté avec soulagement la démission de Grossouvre mais ne l’a pas obligé à quitter l’Elysée ni l’appartement du quai Branly.

Il garde toujours ses fonctions de président des chasses présidentielles.

Mais il apparaît de plus en plus dans les investigations que mènent les services de sécurité présidentiels dans le cadre de la protection de la vie privée de F.Mitterrand, notamment dans les écoutes téléphoniques de Jean Edern Hallier qui vient d’écrire un pamphlet sur sa vie privée : « Tonton et Mazarine, l’honneur perdu de François Mitterrand ».

Pendant la première cohabitation de 1986, Grossouvre entretient des liens ouverts avec le ministère de l’Intérieur et Jean Charles Marchiani du cabinet de Charles Pasqua. De plus, il inonde Paris et les journalistes (Montaldo, le canard enchaîné..) d’informations sur l’entourage du Président et la seconde famille. Le juge Jean-Pierre, bête noire de F.Mitterrand et du Parti Socialiste, en raison de ses enquêtes sur le système Urba, financement occulte du parti, est devenu son confident.

Et pourtant, malgré les nombreuses pressions, F.Mitterrand ne fait rien pour écarter Grossouvre de l’Elysée (on ne quitte pas le Président). Il l’invite même à nouveau à venir marcher sur les quais le soir avec lui mais maintenant en présence de son plus grand ennemi, Roger Patrice Pelat, l’ancien compagnon du stalag.

Les dernières années seront dramatiques pour l’ancien conseiller à présent écarté de tout ; ce vide n’est plus supportable. Depuis ses confessions au juge Jean-Pierre, il est considéré comme un traître, seul responsable de son propre abandon. On se gausse autour de lui. Même le Président ridiculise son ancien ami.

Comment se fait-il que l’ami qui partageait son intimité, l’industriel qui l’a financièrement aidé, l’arbitre des élégances cynégétiques, l’amateur de femmes, soit aujourd’hui ravalé comme tous les autres au rang de maîtresse abandonnée ?

Le Président ne veut pas qu’on lui reproche le suicide de Grossouvre. Il a lu la presse qui le tient pour responsable du malheur de son ami depuis sa disgrâce. On lui a déjà fait ce procès en défaut d’amitié lors du suicide de Pierre Bérégovoy.

La famille de Grossouvre n’a pas souhaité la présence de F.Mitterrand aux obsèques mais ce dernier a considéré que s’il ne paraît pas à l’enterrement, son absence ne fera que nourrir sa mise en accusation. Dans une atmosphère glaciale, le Président, accompagné de Pierre Joxe, a assisté à la cérémonie à Lusigny ; Amine Gemayel, l’ancien président du Liban, se tenait dans le carré familial tandis que F.Mitterrand est resté à l’écart. Robert Mérieux, l’ami lyonnais, a prononcé l’éloge funèbre sans aucune allusion au suicide.

 

Que reste-il de François de Grossouvre ?

Il aurait pu ne rester de lui, avec le temps, qu’un visage lointain portant une barbichette, faisant penser à un petit notable d’ancien régime avec la tête du duc de Guise, perdu dans la longue cohorte des courtisans.

Sa mort l’a sorti du lot. Presque un an auparavant, l’ancien Premier Ministre Pierre Bérégovoy s’est tiré une balle dans la tête dans sa ville de Nevers ; son épouse, défaite, n’arrêtait pas de dire : « Ils me l’ont tué…Le Président l’avait abandonné ».

L’histoire se répète ; sa vie politique se termine dans le sang et l’odeur aigre des illusions perdues…

Il a suffi de bien choisir l’endroit ; un lieu dont la notoriété n’échapperait à personne.

Avec une pointe de cynisme, on pourrait dire que François de Grossouvre a, en quelque sorte, « réussi sa sortie » en se donnant la mort à quelques mètres de François Mitterrand.

Les japonais ont un nom pour ces suicides accusateurs où l’on se tue dans un endroit qui désigne le vrai fautif : « le suppuku ».

André L.

 

Note de l’auteur

Cet exposé a été nourri de nombreuses consultations trouvées sur internet (ainsi que les photos ajoutées). Mais la plus grande partie des sources empruntées provient de l’excellent livre de Raphaëlle Bacqué « le dernier mort de Mitterand » édité en 2010 aux  éditions Grasset

Un suicide à l'Elysée
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :