De toutes les matières, c'est le bois qu'il préfère !

Publié le par club rando

C’est en milieu de matinée, à l’heure où la lumière allume les couleurs, qu’il est préférable de rentrer dans la forêt. Dès la première montée, la terre un peu ramollie par l’humidité de la nuit, résiste doucement sous les chaussures. Comme des gamins qui partent en douce jouer dans les bois, les marcheurs ressentent le frisson de l’interdit en franchissant un vieux mur en pierre sèche mangé par la végétation. En ce denier vendredi de mai, le ciel est bien léger, encore un peu laiteux mais on devine qu’il se prépare pour l’allégresse. Dans le décor chlorophyllien de la forêt de Marly, on perd bien vite ses repères et il est bon de faire le point.

cliquer sur les photos pour les agrandir

cliquer sur les photos pour les agrandir

Des laies partent en étoile dans toutes les directions. Sur chacune d’elles, se mélangent des zones d’ombre et, en contre-jour, des parties plus ensoleillées. Au-dessus des têtes,  une flopée de pinsons et de mésanges charbonnières se disputent le temps de parole. Tout est en place, le groupe se sent bien et n’a qu’à remercier la nature de se montrer si accueillante. 

Un peu plus tôt, devant les terrains de tennis de Saint-Nom-la-Bretèche, la présence inhabituelle des 21 randonneurs avait surpris les joueurs venus exprimer leur engouement pour la petite balle jaune. Puis, traduisant ainsi une forme de civilité, l’indifférence pour les nouveaux venus a pris le pas sur la curiosité. Les intrus ne seront pas bien gênants car ils ne resteront pas longtemps. C’est uniquement pour le spectacle de la forêt qu’ils se sont déplacés.

De toutes les matières, c'est le bois qu'il préfère !

Un petit sentier caché derrière des villas l’annonce déjà. Il a fallu d’abord traverser la localité, bien paresseuse en ce jour pratiquement férié, et répondre ensuite à l’interrogation de deux riverains partis à la recherche d’un chien fugueur. Un basset au regard intelligent et à la mine enjôleuse précisent-ils, mais apparemment peu obéissant. Peut-être est-il en train de courir après les lapins qui montraient leur derrière tout blanc en traversant les champs avoisinants ?

La futaie est bien vite atteinte. On contourne un arbrisseau tombé en travers du chemin. Miracle du printemps, Régine a de suite repéré une corbeille de digitales pourpres qui éclaire la pénombre du sous-bois. Près d’une grande piste centrale, la masse imposante de nombreux troncs allongés encadre le chemin. Ceux-là ne passeront pas l’hiver. Tous ces arbres ont connu le mauvais sort. Ils ont été fauchés, quelques-uns lâchement, beaucoup parce qu’ils n’avaient plus la force de poursuivre leur voyage commencé un ou deux siècles plus tôt.

De toutes les matières, c'est le bois qu'il préfère !

Près d’eux, les jeunes pousses semblent ignorer les vieillards abattus. C’est vers le haut qu’elles portent leur regard, espérant tout du soleil vers lequel elles tendent leurs frêles ramures. La jeunesse leur donne confiance. Elles s’enracinent pour rester, elles croisent pour durer. Une forêt vieillissante est une forêt qui se fragilise. Hubert aime à le rappeler à ses amis, "En France, nous n’avons pas de pétrole mais des bois qui couvrent le tiers de la superficie du territoire, c’est peut-être l’or vert de demain !". En tous cas, une matière renouvelable qu’il convient de bien gérer. Au carrefour de  l’Etoile du Silence, tout à côté du hameau de Sainte-Gemme, s’aperçoivent les traces du trépignement nocturne des sangliers. La température vient subitement de monter de quelques degrés. Dommage qu’il faille ici dire au revoir à la fraîcheur bienveillante de la forêt.

De toutes les matières, c'est le bois qu'il préfère !

Le parcours s’insinue ensuite dans le sillon d’un vallon coincé entre un golf qui arrose ses greens sans trop se soucier de la fonte de la banquise et la localité de Feucherolles qui cache égoïstement sa tranquillité derrière un rideau d’arbres. Le soleil commence à taper fort. Plus besoin de veste ni de gilet, la casquette ou le chapeau seraient les bienvenus. Le ciel est encore plus bleu. La plaine qui s’étend au sud est vide.  A peine distingue-t-on vers le fond les habitations de Plaisir. A cet instant, seuls les marcheurs semblent donner un peu de vie au paysage. Aux alentours, tout somnole, on dirait qu’une sorte de sortilège a frappé ce petit coin des Yvelines et l’a plongé dans une léthargie dont le groupe est l’unique rescapé.

De toutes les matières, c'est le bois qu'il préfère !

Le cœur du village de Chavenay est surprenant, un morceau de France éternelle égaré dans un recoin pourtant bien proche de Paris. Son église médiévale, les maisons des rues voisines ont le charme des souvenirs anciens.

De toutes les matières, c'est le bois qu'il préfère !

Restent, devant la mairie, les panneaux gris de la dernière campagne électorale. Les élections européennes viennent de livrer leur verdict.

De toutes les matières, c'est le bois qu'il préfère !

Mais pourquoi, dans ce charivari d’opinions divergentes et d’affrontements de personnes, a-t-on choisi le mot de "campagne" ? La vraie, la seule qui compte, celle des paysans, des peintres et des marcheurs n’est qu’équilibre du paysage, douceur des formes et murmure du vent.  On la retrouve bien vite. En suivant un chemin terreux tracé dans les ondulations du relief, il ne reste plus qu’à traverser la plaine céréalière qui s’étale jusqu’aux premières maisons de Saint-Nom. Sans omettre de jeter sur la gauche un dernier coup d’œil complice à la forêt de Marly. Un petit peu retranchée sur la hauteur, car attaquée d’en bas par la poussée urbaine, elle attend sans trop d’inquiétude ses assaillants, ou du moins ses visiteurs.

De toutes les matières, c'est le bois qu'il préfère !

C’est un petit trou de verdure qui abrite un minuscule étang. Pas une risée ne vient troubler la surface de l’onde qui réfléchit comme un miroir. Cette halte a été choisie pour la pause-déjeuner.

De toutes les matières, c'est le bois qu'il préfère !

L’endroit est superbe, apparemment méconnu et pourtant bien proche de l’agglomération versaillaise. L’avantage de cette étendue aquatique, c’est qu’elle entretient la rêverie, elle apaise et n’agresse pas. On peut en faire le tour en peu de temps ou l’observer de haut en totalité. Ce lieu que l’on garderait bien pour soi donne le goût d’y revenir. Quand on trouve un endroit aussi agréable, on n’a pas du tout envie de le divulguer. Cette résolution unanime devient consigne impérative dictée au rédacteur. Il saura conserver le secret.

De toutes les matières, c'est le bois qu'il préfère !

Le Parcours

Saint-Nom-la-Bretèche 78860, le cimetière, le poste à gaz, le val martin, l’Etoile de Vénus,  l’Etoile de Noailles, le carrefour du précipice, le belvédère des étangs, l’Etoile du Silence par le GR1, Sainte-Gemme, Feucherolles, le golf, le pré des fosses, Chavenay, le pont chauvin,   le chemin du fond des berthes, le vivier, Saint-Nom

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
M
Pour moi, c'est la ouate !!!!!!!!!!!
Répondre