Je ne suis pas superstitieux, cela porte malheur

Publié le par club rando

La jolie balade, c’est comme le reste. Il faut fouiller soigneusement dans le programme, s’évader des promotions alléchantes, pour distinguer la petite pépite qui vaut largement le détour. La sortie du 13 octobre paraissait anodine, une balade d’un vendredi intercalée entre deux déplacements extérieurs. Mais la marche est comme la pêche à la ligne. Une touche parfois peut remonter une surprise inattendue, même dans un secteur réputé à priori peu propice pour l’échappée.

Cliquer sur les photos  pour les aggrandir

Cliquer sur les photos pour les aggrandir

Au parking qui jouxte le collège de Courdimanche, Martine et Jacques accueillent avec l’heureuse sobriété des convaincus la vingtaine de marcheurs qui ont répondu à l’invitation. Dans leurs yeux, brille l’envie de proposer l’univers qui leur est si familier. D’entrée, il faudra cependant lever une réticence justifiée par le calendrier. Aurons-nous de la chance aujourd’hui ?

Je ne suis pas superstitieux, cela porte malheur

En effet le vendredi 13 génère encore une peur irraisonnée. Sous le nom barbare de  paraskevidékatriaphobie, cette appréhension a fait de cette particularité un jour où le mauvais sort supplante le hasard. Elle procède d’une origine biblique qui associe le vendredi de la mort du Christ au nombre des treize protagonistes de la Cène. Mais le vendredi 13 n’effraye plus vraiment toutes les foules. Les officines de jeux enregistrent ce jour-là leur meilleur score. Crainte refoulée ou inversion du sens ! Certains malicieux contournent l’alternative, citant la réplique de Pierre Dac «Je ne suis pas superstitieux, cela porte malheur!» Jacques tient à apporter la meilleure réponse à qui pourrait redouter les maléfices. «Aujourd’hui, rien d’autre à craindre que le retour de l’été !»

Je ne suis pas superstitieux, cela porte malheur

Pour l’exubérance climatique, il faudra quand même attendre un peu puisque un léger voile matinal estompe la vision et rafraîchit l’atmosphère. Courdimanche se situe sur l’extension occidentale de la communauté urbaine de Cergy-Pontoise. La localité se distingue par sa topographie singulière. La butte sur laquelle est bâti l’ancien village domine toute l’agglomération. Y demeure le noyau ancien qui tire son origine de la présence de druides et son nom sent bien le passé gallo-romain «Curtis-Dominica c.a.d. la demeure du seigneur». De vieux et solides bâtiments encadrent l’église Saint-Martin du treizième siècle. Plusieurs phases de restauration viennent de lui restituer sa forme médiévale. Une fidèle y fait justement une tournée d’inspection. L’attachement qu’elle porte à l’édifice l’amène à ouvrir cordialement la porte. La photo du groupe lui sera laissée comme carte de visite.

Je ne suis pas superstitieux, cela porte malheur

Plus au nord, l’extension récente du village s’étale vers Sainte-Apolline et la Louvière, quartiers qui abritent la majorité de la population. Un golf sépare les deux  pôles. Au sud-ouest, une étroite bande agricole corrige sensiblement ce profil urbain. Prise en tenaille entre l’espace habité et la langue boisée qui dégringole de la butte de l’Hautil, elle contribue cependant à la disparité du paysage. Avantage pour le promeneur, elle facilite la traversée pédestre du territoire. Bien que l’agriculture vive ici en sursis, on ne sait quelle impression est la plus juste. Ville à la campagne ou campagne à la ville ?  Un peu des deux sans doute mais le vocable le plus conforme serait plutôt celui de ville aménagée.

Je ne suis pas superstitieux, cela porte malheur
Je ne suis pas superstitieux, cela porte malheur

A la limite de Boisemont, un mur de feuillage tente de conserver l’intimité d’un château qui se dessine au loin. On ne sait ce qu’il faut le plus admirer, l’élégance de la construction ou l’harmonie végétale qui l’entoure. Le bois de l’Hautil est accueillant mais soulève un paradoxe. Pourquoi le marcheur doit-il piétiner sans remords les feuilles qui l’ont ombragé ?  Elles offrent un trop beau matelas pour qu’il renonce à y enfoncer ses pas. De vieux chênes altiers bordent le passage. Ils donnent l’image de la résistance aux intempéries et surtout au temps qui passe. L’instant attendu arrive enfin, la brume se déchire, le ciel devient plus amical et une belle lumière réchauffe les tons ocrés de la forêt. Les rais de soleil parviennent jusqu’aux fougères qu’ils illuminent aussitôt.

Je ne suis pas superstitieux, cela porte malheur

Dans la descente vers Jouy-le-Moutier, un verger abandonné fournit sa ration de poires. Il suffit de tendre la main ou de se baisser pour se rassasier. Le ciel et la chaleur retrouvée ont mis en appétit. Par des contr’allées enfouies dans la pente d’un glacis forestier, la pause s’invite au belvédère des Gats, en limite de commune de Vauréal. Le paysage se contente de ressembler à ce qu’il est d’ordinaire : splendide. Devant, une échappée sur la rive convexe de l’Oise et le lac de la base de Cergy. Derrière, une immense pelouse ruisselante de vert où se promènent quelques dames en chapeau de paille, ravies de la douceur du temps.

Je ne suis pas superstitieux, cela porte malheur

La  balade se poursuit sur l’arête du coteau par de jolis chemins que doivent sûrement traverser les chevreuils les journées d’aube tranquille. Connue sous le nom de «Cimetière des Anglais», l’allée couverte de Vauréal est une ancienne nécropole néolithique composée de trois chambres. Elle a perdu depuis longtemps ses dalles de couverture. L’ombre des grands arbres lui donne un peu de fraîcheur, bien agréable pour susciter des instants de réflexion. Le temps de l’histoire arrive à inverser les situations. Le refuge des morts est devenu l’attraction des vivants.

Je ne suis pas superstitieux, cela porte malheur

La remontée spectaculaire du mercure amollit un peu le rythme de la marche et la tonicité du mouvement. Il reste pourtant à regrimper sur le plateau pour rejoindre la gare de Cergy-le-Haut et atteindre le terme de la balade. La dernière côte est à l’unisson. Elle peine aussi à rattraper les hauteurs. Mais en bordure des maisons, un bel alignement de tilleuls lui donne un air de grandeur.

Je ne suis pas superstitieux, cela porte malheur

Jacques et Hubert vivent au sein de la randonnée la continuité d’anciennes complicités. Comme chacun, ils espèrent de la vie la poursuite d'un sort favorable. Tous deux animés de passions ordinaires mais de tempérament fonceur, ils apprécient dans la marche les ouvertures qui peuvent les propulser en tête. Ils demandent maintenant au chemin ce qu’autrefois leur apportait la compétition :  vitalité et effort.

Je ne suis pas superstitieux, cela porte malheur

Courdimanche (95800) Quartier Ste-Apolline, le Golf, le vieux village, Boisemont, le bois, la ferme Ecancourt, le chemin de la croix villecoq, Jouy-le-Moutier, les hauts toupets, Vauréal, le belvédère des Gats, l’allée Couverte, l’Eglise, les essarts, bois lapelote, gare de Cergy-le-Haut, le bassin de Courdimanche, Ste-Apolline

Le Parcours

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article