201206 les pleins pouvoirs

Un printemps s'achève mais un été qui peut être brûlant s'avance. Les récents évènements ont bien positionné la donne. Pour certain marcheurs, les choses sont claires et leur sentiment bien tranché : Il a les pleins pouvoirs ! Ce "il" indéterminé désigne en fait l'animateur du groupe rando. Pour eux, il aurait bien la tentation hégémonique de prendre directement sous sa coupe tous les mandats, de se passer de l'avis général, de gérer à son compte les droits majeurs collectifs.

Allons, on n'en est pas encore là. Que les randonneurs se rassurent ! Il n'a pas le pouvoir de modifier à sa guise les habitudes et bonnes pratiques adoptées depuis des années. Il n'a pratiquement aucune influence sur le rythme et les capacités de marche des adhérents. Il ne dirige pas les désirs et les convictions de chacun. Il n'est pas capable de modifier le climat et de permettre à tous de goûter aux charmes d'une randonnée ensoleillée. Il ne fixe aucun plan de route aux nuages et dépressions. Et surtout ses attributions ne sont plus exclusives, puisqu'aujourd'hui, jeudi 28 juin dans le bourg de Dieudonné (60530), il s'est retiré de la conduite de la marche au profit des treize autres participants.

Ceux-ci ont bien conscience que cet acte va leur permettre de s'affirmer. Et c'est bien en fonction des seules envies du groupe, de sa propre volonté, de son état de forme et des prévisions de la météo que le parcours du jour va être établi.

Cartes en mains et avis partagés, c'est avec un large consensus que le trajet se dessine avant que les marcheurs s'ébranlent. Départ par le hameau de Cavillon, passage par les chemins vicinaux qui évitent la route goudronnée jusqu'à la commune de La Chapelle Saint Pierre et retour par les bois de Novillers et Montchavert.

La commune de Dieudonné doit son nom à un certain Deudon, d'origine germanique. Aucune allusion à y voir à la mémoire de Louis xiv, enfant longtemps attendu par sa mère Anne d'Autriche, qui le baptisa à sa naissance Louis le Dieudonné. Niché dans une vallée, le village n'est qu'une suite continue de maisons et qui s'interrompt brusquement au bout d'une courte côte qui s'ouvre sur le plateau du Pays de Thelle dans l'Oise. Michelle, Francoise, Jacqueline, Annick et Fabienne sont les plus actives et mènent le groupe. Elles s'impatientent, font les cent pas pour attendre les garçons qui traînent et retardent l'homogénéité de la progression.

Mais surtout, et c'est là l'essentiel, elles dominent la confrontation avec cette image réduite et conventionnelle qu'est la carte IGN. Elles anticipent les risques potentiels d'erreurs par la maîtrise assurée des symboles et des représentations qu'elles déchiffrent aisément.

Au debut du parcours, c'est une invitée inattendue qui se manifeste : la pluie. Mais elle n'a d'autre prétention que de s'amuser à nous faire sortir cape et vêtements de protection. Pour quelques uns qui s'apprêtent à partir dimanche dans les pyrénées, l'exercice du jour est une mise en jambes. Pour d'autres, aux ambitions plus modestes, le fait de rester calés dans le peloton suffit à leur bonheur.

Passées onze heures, une large fenêtre de ciel bleu s'installe. Les couvre-chefs deviennent nécessaires. Dans le bois de Novillers, le tronc imposant d'un antique chêne, posé  sur le sol, sert de réfectoire. Il est accueillant et nous offre son appui et sa bienfaisance, sans même demander un petit verre de rosé frais, sorti opportunément d'un sac.

Sur le chemin de retour, de nombreux bosquets soulignent la présence de mini vallées intérieures qui rompent la monotonie du plateau. Puis le chemin devient frontière entre les bordures du bois et  les cultures. Curieusement il est bien marqué puisqu'il sert de piste cavalière aux chevaux de haras voisins.

Le soleil est à son zénith. Son ardeur, mélé aux pluies de la veille, fait sortir de gros escargots de bourgogne. Il faut attendre encore une semaine avant de les ramasser. La chaleur augmente, avoisine les trente trois degrés et il est bon de faire une courte pause fraicheur dans un endroit ombragé.

On finit par la côte Parmentier. Inspirés par l'homonymie, Jacqueline et Christian la montent en tête. Elle se termine par une forêt où se dissimule le chemin qui nous reconduit au village.

Alors, le résultat de cette expérience du jour a t-il été probant ? L'animateur s'est effectivement bien efforcé tout au long de la balade de donner beaucoup plus d'indications que d'injonctions. L'autorité, dans le groupe, est elle donc devenue  plus horizontale que verticale ?

Le doute subsiste encore !