Les adieux de Fontainebleau

Publié le par club rando

Avec sa certitude constante, la grande horloge de la Gare de Lyon vient juste de marquer la demie de huit heures. Quelques randonneurs pressent le pas pour s’engouffrer dans le train en partance pour Fontainebleau, tout heureux de quitter la cohue affairée du métro matinal. Lorsqu’ils pénètrent dans la rame, ils s’aperçoivent qu’elle est pratiquement vide. Nul besoin de se ruer sur un siège, chacun peut s’offrir le luxe de choisir sa place.

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Installés confortablement, on sait que le voyage ne dépassera pas les quarante-cinq minutes. Fontainebleau à moins d’une heure de Paris, ce slogan s’affichait déjà dès 1890 sur une réclame du réseau P.L.M.  A la fin du dix-neuvième siècle, beaucoup d’artistes et d’écrivains l’avaient adopté pour y trouver les joies de la ville à la campagne. Ils relancèrent sa notoriété, acquise cependant dès le moyen-âge par la présence de la cour royale puis celle de Napoléon.

A la gare de Fontainebleau-Avon s’opère le regroupement. II faut descendre vite, le train est pressé de poursuivre sa route. Bellifontain érudit et passionné par son environnement, Dominique L., est venu gentiment prêter son concours à la petite troupe

Les adieux de Fontainebleau

Rassurant, il confirme et valide la justesse du choix. Mais oui, le début de l’automne est bien la meilleure saison pour aborder Fontainebleau avec le maximum d’agrément !  C’est maintenant que les feuilles rousses des arbres rendent le parc du château plus coquet, que la ville sort enfin de sa torpeur estivale et qu’apparaissent l’or et le pourpre qui vont illuminer le front de sa forêt.

Les adieux de Fontainebleau

Si le parc paraît plus grand que ses dimensions réelles, il le doit au génie de ses architectes et jardiniers qui ont élargi l’illusion en ouvrant une grande perspective vers l’est. D’une superficie réelle de 130 hectares, il se partage en deux entités, les jardins et bassins qui prolongent le château et la longue perspective du Grand Canal. Pour mieux l’appréhender, c’est bien d’Avon qu’il faut partir et suivre le cours de l’eau. Comme tous les parcs, c’est un être vivant. Si on le ferme la nuit, c’est pour lui permettre de faire sa toilette et présenter au réveil son meilleur visage. En ce matin à peine frais, un léger halo donne l’impression d’un territoire immense. Les randonneurs arpentent l’espace avec l’agréable sensation qu’il est devenu leur royaume. Les grandes allées, les massifs de buis, les rideaux d’arbres ne sont là que pour eux.

Les adieux de Fontainebleau

Au bout de la perspective, les jardins proprement dits ont des proportions moins royales. Un jardin anglais a été créé plus tardivement sur l’aile occidentale du domaine. Planté d’essences rares et ponctué de statues, il abrite surtout la source-fontaine censée être à l’origine du nom de la ville.

Les adieux de Fontainebleau

La masse du château, dont de l’extérieur on maîtrise très mal l’ampleur, s’organise autour de cinq cours principales. En fait, elle agrège plusieurs bâtiments distincts que tous les souverains, depuis François Ier jusqu’à Napoléon III, ont cherché à aménager pour laisser une trace. Tout château a cependant sa superstar. Si Versailles possède son Roi-Soleil, Fontainebleau vénère son empereur. Symbole emblématique du site, l’escalier en fer à cheval de la cour d’entrée est définitivement associé aux adieux de Napoléon en 1814. Le voir, juste devant soi, donne chair au poids de l’Histoire. Le château prend un autre éclairage. Il n’est pas qu’une résidence, un musée ou un lieu de balade, c’est aussi le témoin d’un destin. En le quittant, l’image de la scène des adieux où l’Empereur harangue ses grognards trotte un peu dans  toutes les têtes.

Les adieux de Fontainebleau
Les adieux de Fontainebleau

Si le château attire les regards des touristes, le centre-ville s’est préservé du flot des autocars, rejetés aux abords de la forêt. Avec ses ruelles pavées, ses anciennes demeures du dix-huitième siècle et ses nombreux commerces, il a le charme d’une belle sous-préfecture de province. On achète bon, on achète bio, chez des commerçants bien notés ou on se ravitaille au marché. Dans ces petites rues commerçantes, tout conduit à la flânerie et on se hasarderait même à prendre un café s’il n’y avait la balade à poursuivre.

Les adieux de Fontainebleau

L’animation disparaît vite dès que l’on s’éloigne du centre. Dans les rues bien tranquilles, les façades cachent souvent des petits trésors de jardins. Les plus anciennes maisons présentent une parure de meulière classique, les jeunettes, des années 30, ont revêtu des tons sablés ou parfois ocrés. Partout, les bruits urbains ne parviennent qu’assourdis. Passé le monument aux morts et sans le moindre aménagement préparatoire, le contour des arbres affirme l’emprise de la forêt. Elle enserre, elle étouffe  la ville, lui tolérant seulement un minimum vital. Elle est l’origine. Les rois mérovingiens venaient déjà y chasser. Plus tard, les peintres de Barbizon en font une réserve artistique. Puis les "excursionnistes", glorieux ancêtres des randonneurs, s’en mêlent et lui confèrent des attributs hygiénistes. Au fur et à mesure des siècles, elle prend l’image d’un espace vaste, infini et bienfaisant.

Les adieux de Fontainebleau

Trois cent kilomètres de sentiers balisés assouvissent les amoureux du chemin. Dominique confirme qu’il pourrait s’y promener tous les jours sans épuiser la possibilité des variantes. Il a choisi un parcours parfait, un concentré de territoire qui présente la diversité des milieux et les plus belles visions. La progression ne s’effectue  pas toujours en relief uniforme. Elle passe en quelques endroits par une succession de bosses, véritables casse-pattes. En fin de parcours, l’itinéraire se facilite la tâche en empruntant la route de la Reine-Amélie qui dégringole directement sur Avon.

Les adieux de Fontainebleau

On a décidé de prendre son temps et  de se dire adieu sur la terrasse ensoleillée du  bistro de la gare de Fontainebleau. C’est du pur formalisme puisque normalement on est appelé à se retrouver fréquemment. Mais ce cérémonial, ou se mêlent détente et échanges amicaux, complète agréablement le plaisir de la balade. La bière est bien fraîche et le coca certifié parfaitement "light". On consomme ces douceurs liquides jusqu’à la dernière gorgée.  Finalement, on n’est pas si pressé de rentrer.

Les adieux de Fontainebleau

Gare d’Avon-Fontainebleau, la Porte Blanche, le Parc : le Grand Canal, les jardins, la cour d’honneur du château, le centre-ville, le monument aux morts, la Forêt : Route Léopold, Route du Nid de l’Aigle, point de vue de la Solle, la croix d’Augas, la Croix du Calvaire, la route de la Reine-Amélie, la Gare

le Parcours

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