201401 les Tricheurs

Publié le par club rando

Débouchant de la "ruelle des ponts" le cortège s’engage dans le centre historique et atteint la place de l’église de Louveciennes au milieu d’un attroupement à la fois curieux et respectueux.

Attention à la méprise ! Nous n’évoquons pas ici le récent passage du groupe de randonneurs mais un évènement bien antérieur intervenu en ce lieu. Le 18 juin 1959 s’y célébrait le mariage de Brigitte Bardot et de Jacques Charrier. Ce sont les photographes qui vont perturber l’intimité espérée de la cérémonie en forçant en nombre les portes de la mairie. La mariée est paniquée et se cache le visage dans ses mains. Son père, excédé, veut faire le coup de poing. Finalement l’ensemble des envahisseurs est poussé vers l’extérieur. La noce pacifiée se dirige ensuite, quelques ruelles en contrebas, dans la maison secondaire de la famille Bardot pour y boire le meilleur des vins blancs et vins rouges. Le marié en profite alors  pour mordiller les doigts de pieds de sa promise.

bougival 1 Plus de 50 ans plus tard, Jacques Charrier ne parle pas beaucoup de ce passé. Il  s’est choisi un autre destin, est devenu peintre et s’est retiré en Bretagne. Même s’il n’évoque plus sa carrière d’acteur, il a laissé un beau souvenir dans la mémoire des cinéphiles et de nos randonneuses, toujours sensibles à son charme de beau gosse. Les Tricheurs, de Marcel Carné, décrivant la génération de l’après-guerre, restera son film culte.

Si le charme opère encore, les images s’estompent car peu des vingt-six randonneurs, ce  31 janvier, se souvenait vraiment de cet épisode. Convoqués le matin devant la petite gare de Bougival, ils savaient seulement que la balade du jour les conduirait, à saute-mouton, dans les collines de Bougival, Louveciennes et de la Celle-Saint-Cloud.

bougival 2On est là en banlieue, certes, mais d’abord en banlieue chic. Dans cette zone, des pans de forêts s’entrelacent et s’entrecoupent dans un maillage de jolies villas enfouies dans la verdure. Ceci conserve à l’habitat sa stabilité et son homogénéité, y compris sans doute aussi dans sa composition sociale. L’antenne-relais, posée sur le toit du bistro devant la gare, n’émet ce matin qu’une bonne nouvelle. Il fera beau ! Le soleil a déjà déchiré la brume.

bougival 3Devant nous se dresse la colline de la Jonchère. Avant de l’atteindre il faut longer le parc du Château de La Celle Saint Cloud. Son dernier propriétaire en fit don à l’Etat  en 1951 dans la stricte mesure où ce bien soit réservé à l’usage exclusif du ministre des Affaires Etrangères, de sa famille, et à la rigueur, de quelques invités de la France. Curieuse exigence qui fait que ce domaine est très souvent inoccupé. Son dernier usage remonte à juillet 2007 pour des entretiens instruits par le ministre cherchant à raccommoder les factions libanaises en plein conflit interne. Le parc de la Jonchère surplombe la Seine et offre une vue exceptionnelle sur la plaine qui s’étend de Croissy, le Vésinet, Chatou jusqu’aux abords de la forêt de Montmorency.

bougival 4Bougival est situé de part et d’autre de la nationale, qui descend vers le fleuve et les îles des impressionnistes. D’anciennes carrières lui ont donné son  nom puisque Bougival signifierait  la "vallée des carrières" (bogues en celte). A partir de l’église, le coteau opposé de Saint Michel se monte par des venelles en escaliers au milieu des  jardins.

bougival 5Dans les arbres, les mangeoires des oiseaux sont étrangement vides. Où sont passés les mésanges, les pinsons et les chardonnerets ? Ils n’émigrent plus vers le sud. C’est la météo la grande coupable. Il n’a pas fait assez froid et leur itinérance a été interrompue.

Cette voie verte se prolonge jusqu’à l’entrée de Louveciennes qui s’appelait au 9° siècle Mons Lupicinus. Des loups, il n’en reste plus trace, même pas dans le bois qui coiffe son plateau. Les chênes y présentent leur fût de bonne taille mais de nombreux châtaigniers, principaux  peuplements des sous-bois, poussent en longues tiges frêles. C’est leur mode de gestion qui explique cette différence  Les chênes ne sont abattus qu’après avoir atteint au moins deux siècles d’existence tandis que le châtaignier, à la croissance plus rapide, est coupé à la cinquantaine. Le bois serait toujours habité par la chouette hulotte, qui ne dérange pas beaucoup les promeneurs, puisqu’elle ne commence ses activités qu’après le coucher du soleil*.

bougival 6Le sentier qui le traverse part large et généreux. Mais les pluies constantes des jours derniers l’ont transformé en véritable aspirateur à chaussures. La boue, hérissée en fine muraille, encadre un sillon central qui s’enfonce sous le poids. On ne doit son salut qu’en tirant des bords, en zigzaguant de droite à gauche espérant avoir la chance de trouver un passage un peu plus ferme.

bougival 7Une immense et récente grille en fer forgé attire notre curiosité. Elle semble ceindre une vaste propriété qui s’étendrait au loin jusqu’à l’autoroute A13. Renseignements pris un peu plus tard, cet enclos délimite l’ancien domaine du Château du Camp où vient de se construire une réplique du château de Vaux-le-Vicomte. Cette demeure  appelée Château Louis XIV répond aux canons précis et aux règles de proportion et d’ornementation qui étaient celles du château de Versailles. Que ce soit pour le bâti ou l’extérieur, on n’y trouve que luxe et volupté. Tout se fait dans la discrétion car rien n’est visible de l’extérieur. Le promoteur, un homme d’affaires franco-saoudien, se veut rassurant. La  tranquillité des voisins les plus proches sera préservée. Par contre il reste extrêmement vague sur la hauteur des capitaux nécessaires pour construire un tel palace. Et il demeure encore plus muet sur le nom de son véritable propriétaire. Jusqu’ici tout est enregistré sous son propre patronyme.

Mais à ce niveau d’investissement, cette petite entorse à la vérité, cette légère tricherie par omission, demeurent parfaitement acceptables et apparemment bien acceptées !

bougival 8Sur l’autre versant, le bois de la Celle, enclavé à mi- pente, nous apparaît bien civilisé car sa traversée n’oppose aucune difficulté. Sur son plateau sommital, pas très loin de l’ancien bourg, le restaurant nous attend. Les serveurs enjoués et rapides se sont donné du mal pour satisfaire les désirs de notre grande table. Avec quelques sollicitations aimables, ils incitent à reprendre l’assortiment qui accompagne le plat central. Idem pour le vin, où sans difficultés, l’accord leur est vite donné. L’ambiance est bonne et les convives heureux. Les infimes réticences à vouloir contrôler tombent très vite.

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Le repas était harmonieusement épicé mais la note finale, elle, semble salée, du moins par rapport à la prestation initiale de base qui avait été âprement négociée. Relativisons, le prix est resté dans l’ordre du très raisonnable. C’est la méthode qui gêne un peu. Le fait de se rattraper, de tricher un peu sur les compléments permet-il au restaurateur de mieux asseoir sa faible rentabilité économique ? Sûrement !

Mais pécher par omission est aussi coupable que pécher par action. Ce n’était pas un prix que nous recherchions mais plutôt la qualité d’un rapport authentique. Juste pour le plaisir, juste pour se trouver là !

 

 

*source : site " Promenade et circuits autour de La Celle Saint Cloud et Louveciennes "

Le Parcours

Gare SNCF Bougival, D321, Parc de la Jonchere, Eglise, les sentes de Louveciennes, Mairie, Mausolée Joffre, Chemin des Gressets, GR1, Les Gressets, D321, Bois de la Celle, Avenue Gabriel, Vieux bourg de la Celle,Gare de Bougival

 

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W
Sympathique de voir depuis mon exil du sud mes amis se promener dans mon cher village. Mais je me permet de vous signaler que vous êtes passé à côté de multiples trésors historiques. A mon avis, le<br /> temps limité de la promenade et les exigences de votre faim de marcheur ont malheureusement limité les possibilités de découverte.<br /> Il est vrai que nous sommes des "passants", souvent trop pressés dans cette vie........ Michel WALLER
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