L'envie du Paris-Brest

Publié le par club rando

Après les Caves du Nord, nom bien étrange pour cette ancienne carrière qui ne doit rien à l’esprit du vin, le sentier file droit et s’enfonce résolument dans les bois. Françoise ne force pas le rythme. Il va s’installer tout seul, mètre après mètre sur cette piste qui traverse la forêt de Maisons-Laffitte entre chênes, buis et châtaigniers plus diffus. 

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Au bout d’une heure et demie de marche tranquille mais soutenue, elle atteint le carrefour de l’Etoile du Tronchet. Le lieu adéquat pour une pause et une frugale collation, le besoin de boire un peu en dépit de l’humidité ambiante. C’est à ce moment qu’elle ressent un très léger picotement sur la joue. Rien de bien inquiétant, mais au contraire le signe précurseur du relâchement qui s’annonce.

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Et voilà que se manifeste ainsi le principal bénéfice de cette première sortie de l’année. L’effort bien que léger a suffi pour accélérer la toilette des bronches, améliorer les échanges sanguins et secréter sa dose d’endomorphines. Dans l’intimité mystérieuse du métabolisme cellulaire, ces insignifiants petits kilomètres ont bien joué leur rôle en se transformant en médicament du bien-être. Tout ceci ne peut que redonner le sourire à Alain. Il lui en a fallu échafauder des hypothèses avant de trouver enfin un circuit qui puisse neutraliser les effets de la grève qui paralyse les transports publics.

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Il y a moins d’une heure il accueillait ses collègues au bout de l’avenue Albine, magnifique perspective qui relie le centre de Maisons-Laffitte à l’entrée de la forêt. Tout heureux d’être là après cette longue période des vacances forcées, les 29 présents sont venus autant pour la balade que pour le plaisir de se revoir. La meilleure façon aussi d’abandonner les charentaises et d’avoir le sentiment de rester dans le jeu. Au début de l’année, il est de règle d’affirmer ses bonnes résolutions. C’est promis juré, les marcheurs ont bien coché dans l’agenda le programme des sorties du calendrier 2020. Personne n’ira le placer sur la pile des dossiers annexes, ceux que l’on enfouit et qui finissent par s’oublier.  

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Sa chevelure à la garçonne assume résolument son style des années vingt, époque dont on vient de célébrer le centième anniversaire. Brigitte s’est positionnée en tête de marche. Ses yeux pétillent du plaisir retrouvé. Elle trouve dans la nature la tranquillité qui la console des turbulences de la vie urbaine. Il a plu dans la nuit et l’humidité qui brumise l’air relève le col des parkas. Par contre, on a beau être le 17 janvier, la douceur reste anormalement clémente. Le sentier rectiligne semble ne jamais s’interrompre. Les fortes pluies de décembre n’ont pas trop dégradé la structure du sol puisque le couvert forestier prospère sur un substrat sablonneux. Dans la grisaille, les arbres aux branches dénudées diffusent une lumière floutée qui donne  parfois des effets de contre-jour dans lequel s’évanouissent les marcheurs.

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Des  nombreuses taches de bleu commencent à piqueter le ciel qui se découvre petit à petit. La matinée devient de plus en plus amicale. En raison de sa taille, le groupe se disperse et s’éparpille un peu. Alain reste vigilant. Il attend, scrute du regard puis compte. Avec complaisance, il ramène les égarés.

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Peuplée d’arbres centenaires, la forêt invite aux confidences par son abondant réseau de laies, sentes et kilomètres d’allées cavalières. Maisons-Laffitte se déclare la cité du cheval. Il fait autant partie du patrimoine que son château. En plus des terrains d’entraînement qui jouxtent l’hippodrome, de nombreuses pistes de galop investissent l’espace forestier. Mais ce matin les équidés sont aux abonnés absents, excepté au manège de la carrière, une paire d’alezan qui frappe le sol avec une parfaite régularité.

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C’est un autre quadrupède qui a pris la forêt pour terrain de jeux. Devant le groupe, une promeneuse vient de défaire la laisse de son chien. Le setter, fou de joie, court dans les feuilles froissées où il retrouve ses anciens instincts de chasseur. Sa maîtresse le regarde s’ébattre avec tant d’envie. Elle contemple son chien, le flatte et lui susurre qu’elle réserve tout son temps à ses courses endiablées.

 Alain propose le repli vers la ville. Pour se familiariser avec Maisons-Laffitte, il faut la découvrir par les grandes perspectives qui donnent aux visiteurs l’illusion de se sentir un peu châtelains. La ville a été façonnée par deux hommes. Mansart qui construit un château en  1642 dans un lieu qui s’appelait alors Maisons-sur-Seine. ll trace sans le savoir, à travers la trame des allées du parc, le plan d’une future cité de villégiature. Elle fut réalisée par le banquier Jacques Laffitte qui prit l’initiative d’élaborer une ville à la campagne.

Jacques Laffitte

Jacques Laffitte

En 1833, à la suite de difficultés financières, ce dernier procède au morcellement du parc du château sur le modèle des lotissements paysagers anglais. C'est à partir de cette époque que l'appellation Maisons-Laffitte commence à être utilisée puis officialisée plus tard en 1882. Le parc qu’il avait redessiné pour être la touche opulente de la nouvelle ville reçut pour ses avenues le nom de personnes en lien avec l’intimité de son créateur. Comme dans un jeu de sept familles, emprunter ou croiser les prestigieuses artères de la ville, c’est faire la connaissance de la descendance de Jacques Laffitte. On retrouve ainsi dans la voirie les prénoms de sa femme, de sa fille et de sa petite fille, Marine, Albine et  Eglé.

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Le banquier réinvestit aussi la bourgade préexistante pour la mettre en harmonie avec le nouvel espace de villégiature. Elle se dota d’une mairie et d’une église et se développa surtout à l’apparition du chemin de fer. En se baladant dans ce qui est devenu maintenant le centre-ville, on remarque le prestige de son axe principal, l’avenue de Longueil. Cette voie spacieuse concentre de nombreuses institutions locales comme la pâtisserie Durand où est né le gâteau Paris-Brest.

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Ah ! le Paris-Brest, cette pâte à choux dans laquelle une touche subtile de rhum relève l’onctuosité du praliné. On a envie de pénétrer dans la boutique et de surprendre la serveuse poser avec précaution ses gâteaux sur un carton plat. Rien que d’admirer sa vitrine extérieure, c’est déjà avoir en bouche la saveur un peu oubliée. Mais on ne va pas s’abandonner à la nostalgie au prétexte de l’élégance d’un dessert. Vite, il faut rattraper la tête du groupe en évitant de passer au feu rouge !

L'envie du Paris-Brest

le 17/01/2020 Maisons-Laffitte (78600) les Caves du Nord, boucle dans la forêt par l’étoile irrégulière, l’étoile du lude, l’étoile du tronchet, la route du brancas, l’avenue Albine, la place du château, l’avenue de Longueil, la mairie, déjeuner, retour aux Caves du Nord.

Le Parcours

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M
Quand on n'est pas de la région, on a du mal à se positionner à Maisons-Laffitte. J'ai donc pris l' Atlas Michelin et j'ai trouvé cet endroit près d'Argenteuil, St. Germain. La prochaine fois, si c'est possible, merci de faire un plan succinct des lieux visités. Vous êtes tous formidables. Bonne Année. Wlady
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S
On a reconnu des têtes connues .... même sous la capuche d'un kway (à quoi ça sert ça ?)<br /> Amitiés à tous<br /> M&M
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