201304 les Apprentis d'Auteuil

Publié le par club rando

L’histoire des "Orphelins Apprentis d’Auteuil" commence en 1866 lorsque l’Abbé Roussel recueille dans une maison en ruines située rue de La Fontaine, en plein quartier d’Auteuil à Paris, des orphelins vagabonds. Cette institution est confiée en 1923 à la Congrégation des Spiritains et c’est le Père Daniel Brottier qui lui donne souffle, envol et renommée.

auteuil 1Près de 150 ans après sa création,  appelée depuis"Les Apprentis d’Auteuil", cette institution est maintenant une fondation qui accueille et forme, au travers de 57 établissements disséminés dans toute la France, 13 700 enfants en difficultés sociales, scolaires et familiales. Bien que d’origine confessionnelle, la fondation remplit aujourd’hui une fonction de service public dans la formation et la protection d’enfants, de toutes religions ou sans, mais surtout en grande détresse éducative.

auteuil 2Bien loin des clichés d’une bonne bourgeoisie repliée dans de splendides hôtels particuliers du seizième arrondissement, le petit bourg d’Auteuil (78770) ne ressemble en rien à son homonyme parisien. La permanence d’une ceinture boisée continue entre Septeuil  et Beynes et la pérennité agricole du plateau Mantois ont permis que ce village bénéficie encore d’une nature maintenue dans l’équilibre de ses espaces naturels. Il a eu la chance d’échapper aux agressions de l’urbanisation pavillonnaire. Lové au cœur d’une nature préservée, c’était donc un lieu idéal pour cette randonnée printanière du 19 avril.

auteuil 3Dire que les 20 randonneurs participants se sentirent orphelins de la présence de l’animateur habituel, retenu momentanément dans la capitale, serait un pieux mensonge. Cette émergence de l’imprévu augmentait au contraire leur désir de s’assumer, de débuter un apprentissage vers l’autonomie et l’initiative. Et puis de toutes façons, Christian, carte en mains, saurait rattraper toute déviance !

La bise nordique qui rafraîchit la plaine en labours surprend le groupe au début du parcours. Les ornières laissées par les roues des tracteurs abiment la régularité du chemin qui s’infléchit pour atteindre le village de Saulx-Marchais puis conduit aux abords de la forêt de Beynes.

auteuil 4Sur les arbres et arbrisseaux sortent les premiers bourgeons. Ils ne savent vraiment plus à quoi penser. A plusieurs reprises, précédemment, ils ont cru que le soleil et la chaleur allaient s’installer. Mais chaque fois le retour du temps gris a amené la désillusion. Heureusement les bourgeons sont persévérants. Ils veulent y croire et ne demandent qu’à grandir, grossir et éclore. En tête, Christian fait la chasse au balisage du GR 11. Inconsistantes ou facétieuses, les marques rouges et blanches ne se posent qu’à leur envie, là où elles se sentent bien. Elles guident vers la chapelle de Saint Sanctin. A son pignon, un  bas-relief y représente le saint en cavalier bénissant les fidèles et peut être aussi les quelques ceps d’une vigne insolite en ce lieu. Une association locale y entretient toujours la tradition en produisant quelques rares litres d’un vin très acide appelé le "Clos de Saint Sanctin" *

L’itinéraire alterne ensuite entre prairies, bosquets et petit hameau avant de longer une zone protégée par des remblais, des talus et des grillages.

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Derrière s’étend le domaine animalier de Thoiry. En 1965, Paul de la Panouse a créé une réserve zoologique dans l’immense parc de son château. Il invente un concept inédit : mettre les animaux sauvages en liberté et les spectateurs en cage. C’est le rôle dévolu aux véhicules qui  permettent l’approche et protègent de la proximité des fauves. Aujourd’hui tout paraît calme. Les lions doivent être rassasiés ou passifs. Oreilles tendues, les marcheurs n’entendent aucun rugissement.

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Par mimétisme, le voisinage des fauves rend les randonneuses encore plus félines. Mâchoires serrées, griffes acérées mais rentrées, elles allongent l’allure et assurent leur domination sur le groupe. Pas besoin cependant de rechercher une proie, puisque le déjeuner est simplement tiré des sacs dans une clairière accueillante.

auteuil 7Dans le bois de Boulaincourt, le circuit rencontre, se mêle et suit la conduite enterrée de l’aqueduc de l’Avre. Cet ouvrage fait partie du système d’approvisionnement en eau de la capitale à partir de sources situées près de Dreux. Les eaux s’y écoulent par simple gravité jusqu’au réservoir final de Saint Cloud. Sur ce parcours, de temps en temps,  se dresse un regard, large cylindre  perpendiculaire fermé par une porte cadenassée. Comme un objet mythique, certains n’hésitent pas à y coller leur oreille, comme s’ils s’attendaient à entendre, derrière, battre le cœur de la terre.

auteuil 8Les averses, prévues normalement pour la fin de l’après-midi, se sont dépêchées d’aller à notre rencontre, trop heureuses d’intercepter ces apprentis d’Auteuil du jour. Elles sont courtes, répétitives et suivies de larges plages de soleil qui faussement donnent le change. Le final de la balade se conclut à nouveau sur le chemin engazonné qui borde l’aqueduc. Les gouttes d’eau que retiennent les brins d’herbe finissent par altérer l’imperméabilité des chaussures.

Jacqueline, précautionneuse et avisée, encourage son mari à rechercher les bordures qui paraissent moins mouillées. Peine perdue, il ne l'écoute pas, trop absorbé à ramener le groupe à bon port. Elle lâche : Il ne s’inquiète jamais de rien !auteuil 9

Il y a un peu de reproche dans ce constat !

 

 

* Source tirée du blog "La gazette du Pays Montfortais"

 

 

 

 

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