201407 Douce France

Le mot France apparaît avec les Mérovingiens pour leurs possessions entre Rhin et Loire. Au cours des siècles suivants, la désignation de cet espace se réduit comme peau de chagrin pour ne concerner qu’une petite bande au nord-est de Paris. Il réapparaît dans un texte de 1126 qui nomme l’abbaye de Saint Denis (Monasteria Beati Dyonisi de Francia). Ce qualificatif donné à la basilique pourrait être à l’origine de son extension à tout le pays. Le mot France sera ensuite utilisé dès le 13° siècle pour qualifier non plus un espace géographique mais surtout un territoire politique.*

Sur ses terres parisiennes d’origine, la désignation "en France" tombe en désuétude au cours de l’histoire. De nos jours, seules huit communes conservent ce toponyme dans un petit rectangle du Val d’Oise ayant pour largeur une ligne délimitée par Sarcelles et Luzarches et comme longueur une autre reliant l’Isle-Adam à Roissy.

Ce 11 juillet, au cœur de l’ancien pays encore dit "de France", les dix courageux randonneurs qui suivent le chemin creux bordant le golf de Bellefontaine (95270) ne se sont pas déplacés à la recherche du toponyme perdu. Ils ont tous bonne jugeote et ont admis que souvent la sémantique transforme le terme en concept.

Il fait gris sur la région et depuis le début de la semaine "ça mouille". Cela sera  particulièrement visible lors de la traversée du village de Puiseux-en-France où les traces de la grêle restent particulièrement remarquées sur les carrosseries des véhicules et le toît de certaines habitations. Avant d’aborder le plateau, le chemin suit un couloir verdoyant où l’alliance des frênes, des aubépines et chèvrefeuilles forme une haie continue qui rend les honneurs aux visiteurs de passage.

Le paysage qui lui succède est plus austère dans un ciel toujours bas. Aucune ligne de frondaison, aucun clocher lointain ne viennent accrocher la ligne d’horizon. Le chemin trace sa route rectiligne dans la plaine céréalière.

Pour le renard du petit prince, tous les champs de blé ont forcément la couleur bouton-d’or de la chevelure de son ami. Mais dans certaines parcelles, les tiges présentent une couleur bien éteinte, brunâtre à certains endroits. Elles sont sûrement attaquées par des champignons qui infectent plants et grains. Dans les terrains voisins, les féveroles affichent au contraire une santé éclatante. Riches en amidon, elles composent l’alimentation de base des ruminants, porcins et volailles. Depuis deux ans en Ile-de- France, l’association des céréales avec les protéagineux à donné une embellie économique aux cultivateurs. Les céréaliers se plaignent que les taxations suivent la voie identique.

François, toujours facétieux, précise que les féveroles font partie de la même famille que les pois. Mais pourquoi les  appelle-t-on petit pois lorsqu’ils sont frais, cassés lorsqu’ils sont secs et gourmands quand on les croque avec leur cosse ? Parce que le pois a ses secrets que le dictionnaire ne connaît pas !

La pluie tant redoutée tient à faire cadeau de sa présence. Tous s’enveloppent dans des imperméables et pèlerines. L’eau extérieure a du mal à transpercer ces remparts. Mais celle qui s’évapore des corps et des respirations condense dans le plastique et forme des gouttelettes peu agréables. En plus du désagrément, cet accoutrement réduit les élégantes silhouettes individuelles en un égalitarisme niveleur pour le moins peu esthétique.

La halle de Marly-la-Ville est ouverte aux quatre vents mais offre un toit qui protège le déjeuner des intempéries.  La pluie redouble lorsque la balade atteint le coteau droit de la rive de l’Ysieux. L’eau ruisselle sur le chemin en rigoles boueuses. Joëlle ressent la progression constante de l’humidité dans ses chaussures. Une auréole indécise marque d’abord leur extrémité, puis s’étend à l’ensemble. La sensation du mouillé supplante celle de la lourdeur du pas, l’énergie défaille et c’est toute la balade qui s’englue.

On décide de raccourcir la marche et de revenir aux véhicules.

Dans trois jours, il refera beau et ce sera le 14 juillet, l'hommage que la nation se rend à elle-même. La fête nationale honore aussi, par incidence, ce petit bout de territoire dont le destin singulier a donné le nom de notre pays. La nature par son immense variété de paysages a tout accordé à la France. Les randonneurs qui la traversent dans son intimité sont bien placés pour l’apprécier. On dit que certains pays étrangers,  jaloux, reprochèrent à Dieu de l’avoir dotée de trop d’avantages.

Alors pour contrebalancer ces privilèges exorbitants, il décida de créer aussi….les Français.**

*Source : Wikipédia

**Source : L.B Robitaille  Dieu créa les Français 

Le Parcours

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