Les Pyrénées tombent à pic

Publié le par club rando

Encore un matin à prendre de l’altitude sur les pentes du pays Toy, le dernier. Le chemin montait doucement en coudes amples et souples. Progressant à l’aveuglette, le petit groupe stagnait dans une mer de nuages rétive au moindre mouvement. Le brouillard fixait l’horizon. On se persuadait cependant que dans l’invisible se tenait dissimulée la vie de la montagne. Elle apparut de manière inopinée au détour d’une courbe. Sortie de la brume, une jeune bergère au sourire éclatant exhorta à la persévérance. Il s’agissait de se montrer patient. Quelques lacets plus haut, la clarté promise effrita d’un coup la nuée et aussitôt un soleil généreux dispersa ses rayons sur la ligne des crêtes de Luz-Ardiden.

Les Pyrénées tombent à pic

Plein sud, la chaîne des Pyrénées centrales exhibait fièrement les pointes acérées de ses premiers 3000. En face, un pic isolé semblait flotter sur les nuages. Comme pour toutes les journées précédentes, croiser un spectacle aussi splendide relevait de l’ordinaire. Partout, dès qu’on avait pris de la hauteur, la beauté certifiait sa présence.

Les Pyrénées tombent à pic

Situé dans les Hautes-Pyrénées, le pays Toy s'étend à partir du col du Tourmalet, culmine au cirque de Gavarnie et voisine la vallée de Cauterets. Toy veut dire «homme petit». Evitons d’y voir une épithète dépréciative rappelant le phénomène rencontré autrefois dans les vallées reculées de montagne où le nanisme des résidents résultait d’un dysfonctionnement thyroïdien. Retenons seulement que la contrée s’affirma plutôt comme une terre «virile» puisque Hortense de Beauharnais, mère de Napoléon III ainsi que la propre épouse de ce dernier, l’impératrice Eugénie, vinrent aux thermes de Saint-Sauveur soigner avec succès leur infertilité. Logique, au pays des aigles naissent forcément les aiglons.

Les Pyrénées tombent à pic

La géographie des lieux se présente comme une succession de vallées profondes au fond desquelles coulent des torrents d’origine glaciaire. En aval, elles s’élargissent et ces «gaves» deviennent du côté de Lourdes des rivières tranquilles dans un paysage moins chamboulé. Mais ici, c’est l’amont qui compte. Dès l’arrivée à Luz-Saint-Sauveur, tous les regards se portèrent immédiatement vers les cimes comme si on voulait à tout prix les empêcher de tomber. Débarrassées de leurs pelisses de forêts et de prairies, les Pyrénées montrent leur peau à vif, offrant leurs parois abruptes aux rayons de soleil et au rougeoiement du crépuscule. Pic du Midi de Bigorre, cirques de Gavarnie et de Troumouse, Vignemale, chacun des 23 participants attend impatiemment la rencontre avec ces géants. Bien sûr, vus du bas ou d’un peu loin, qu’importe, l’invitation rend déjà fiers ceux qui la reçoivent.

Les Pyrénées tombent à pic

Le pot de bienvenue à l’hôtel a consacré le rituel de l’accueil. Au-delà du désir inavouable d’un séjour parfait, se ressentent déjà quelques satisfactions perceptibles : la chance de bénéficier d’une oasis de fraîcheur en ces temps d’été brûlant, l’amabilité du personnel de l’établissement choisi et surtout le plaisir de renouer ensemble une affectueuse camaraderie. Vraiment, pour toutes ces raisons, voilà une semaine qui tombe à pic !

Les Pyrénées tombent à pic

Du col du Tourmalet, on marche facilement jusqu’à l'observatoire d'astronomie ouvert au public depuis l’an 2000. Avant de l’atteindre, la piste surplombe le lac d’Oncet.

Les Pyrénées tombent à pic

A l’aplomb de cette petite étendue lacustre, un groupe d’animaux remontait tranquillement une paroi abrupte. Le faisceau d’une jumelle révéla son étrange identité. Sur les flancs du Tourmalet, depuis une vingtaine d’années, des lamas ont été introduits par un éleveur du coin. Adeptes du lieu, ils n’hésitent pas l’hiver à se balader au pied des pistes de ski et, en juillet, à venir encourager le Tour de France. De temps en temps, les bêtes tendaient leur tête au soleil puis replongeaient dans leur fourrure. Lassés d’être observés, les lamas filèrent sur l’autre versant. Le temps de la descente permit de reprendre les discussions. Les sujets sérieux ne manquèrent pas : le retrait des glaciers, l’influence de la beauté de la nature sur la forme physique et la taille du bock de bière à prendre à la buvette du col.

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La balade préférée des vacanciers mais aussi des randonneurs démarre au Pont d’Espagne, juste après Cauterets. Le lac de Gaube est réputé comme un must des Pyrénées. L’émeraude de l’eau ajoute beaucoup au charme du site.

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Sur place, à force de scruter la perspective de la vallée, l’envie d’aller plus loin se confirme. Le sentier qui monte vers le refuge des Oulettes semble facile. En fait, il impose l’épreuve inédite d’une traversée délicate entre éboulis et pierriers peu commodes. Un dernier verrou ouvre enfin la vision de ce qu’on recherchait : l’arête granitique du Vignemale qui, tel un roi, impose sa primauté. Sur le chemin du retour, le regard alterne entre des chevaux qui paissent près du torrent et les blocs rocheux restant à descendre.

Les Pyrénées tombent à pic

On l’a tellement vu en photo qu’on le connaît avant de le rencontrer. Monter en plein été au cirque de Gavarnie n’est pas particulièrement la meilleure des idées, les touristes s’y pressent et les parkings s’assurent de bonnes recettes. Mais comment l’occulter ?  

Les Pyrénées tombent à pic

Après une longue marche d’approche dans des pinèdes, on débouche au pied de cette forteresse rocheuse. Malgré l’affluence, emporté par la contemplation, le charme opère toujours. La cascade qui dégringole de 400 mètres de haut capte l’attention. Seuls deux randonneurs téméraires parviennent à la rejoindre tant le chemin d’accès est périlleux. On sait que le spectacle de sa chute lui vaut beaucoup de compliments mais il serait plus juste d’encenser son travail. C’est la cascade et surtout ses lointaines aïeules qui depuis des millions d’années ont creusé la roche et bâti la silhouette actuelle du cirque. Tous les yeux cherchent l’absente. Quel paradoxe, la brèche de Roland, le meilleur atout publicitaire du site, reste totalement invisible d’en bas. Attitude bien singulière dans une contrée plutôt portée sur les apparitions.

Les Pyrénées tombent à pic

Pour avoir encore mieux, il suffit de se déplacer juste à côté, au cirque de Troumouse, le petit frère caché de Gavarnie. La route d’accès permet cette bonne fortune, trop étroite pour les cars de tourisme, trop sinueuse pour les gens pressés. A près de 2100 mètres, Troumouse s’aborde à partir d’un plateau herbeux atteint après une bonne suée. Dans le cirque, la concavité blanchâtre des parois calcaires et le pointillé de sa rivière dessinent un paysage de haute couture. C’est le plus beau des amphithéâtres, un espace rare qui se déguste aisément à pied.

Les Pyrénées tombent à pic
Les Pyrénées tombent à pic

Le plateau n'était pas vide. On y croisa une vache blanche dressée sur une petite éminence qui  précédait une deuxième puis une troisième et survint un petit troupeau, étalé mollement. Les bêtes bougeaient peu. Témoins d’un temps arrêté, elles se contentaient de se maintenir dans la pente. Stoïques sous l’approche, les vaches semblaient dire : Il y a longtemps que nous savons où se trouve le bonheur !

Les Pyrénées tombent à pic

Leur remarque tombe à pic. Les Pyrénées ne seraient-elles pas l’antichambre (du moins pour les randonnées) du paradis ?


Le séjour

Le 22 juillet : Transfert à Luz-Saint-Sauveur (65120)

Le 23 juillet : Montée au lac de Gaube et au plateau des Oulettes

Le 24 juillet : le cirque de Gavarnie, transfert au col des Tentes

Le 25 juillet : Col du Tourmalet, lac d’Oncet,  pied du Pic du Midi de Bigorre

Le 26 juillet : le cirque de Troumouse à partir de l’Auberge du Maillet

Le 27 juillet : les crêtes de Luz Ardiden , le col de Riou par la montée du secteur Béderet

Le 28 juillet : départ de Luz-Saint-Sauveur

La partie couchage-restauration a été assurée par l’hôtel Tourmalet 65120 Esquiéze-Sére

Esquisse au fusain exécuté par Gerard. W

Esquisse au fusain exécuté par Gerard. W

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